La Blazette de Montpellier

L’hebdomadaire du jeudi a puissamment forgé l’esprit montpelliérain des années Frêche. Ses sursauts d’arrogance ne sont plus que pathétiques.

Article publié dans le numéro 34 du Poing, imprimé en avril 2021

Fin octobre 2020, La Gazette de Montpellier publie l’un de ses numéros hebdomadaires, cette fois largement consacré à la mémoire de Georges Frêche, l’autocrate montpelliérain qui gouverna la ville puis la région Languedoc-Roussillon de 1977 jusqu’à son décès voici dix ans. Pour cet anniversaire, la nostalgie complice suinte à toutes les pages. On pourrait presque manquer l’une des rares infos, au détour d’un radio-trottoir, où se rendre compte qu’un jeune habitant d’une vingtaine d’années ne voit plus guère qui peut bien être ce bonhomme.

La question n’est pas de s’en réjouir ; simplement constater que la roue tourne. La Montpellier de 2020 n’a rien à voir avec celle des années 80. De la même manière, il est à parier qu’une énorme proportion des lecteurs du Poing n’ont aucune idée de ce que peut bien être La Gazette de Montpellier. Laquelle mérite pourtant d’être située : elle pèse lourd, parfois très lourd, dans l’histoire de la presse montpelliéraine.

Dans les pages de La Gazette, on voit encore apparaître un pavé qui tente de convaincre des lecteurs de soutenir « la presse indépendante » en région. Voilà qui frise la publicité mensongère. Depuis vingt ans déjà, 33,34 % des parts de la société éditrice ont été cédées au puissant groupe de La Dépêche du Midi, l’équivalent toulousain du Midi Libre montpelliérain. Midi si peu libre qu’il appartient lui aussi au même groupe de presse toulousain.

Rions un peu d’un détail, mais sans oublier que le diable se cache dans les détails : pendant des années, La Gazette de Montpellier se permettait de publier des leçons de journalisme, toutes hautaines, à l’adresse des confrères du bon vieux quotidien, soupçonnés de toutes les compromissions. C’était comme une manie. Et elle disparut comme par enchantement, le jour même où La Gazette se passa au cou la laisse du même maître toulousain.

Les mouvements de capitaux ne sont pas les seuls à expliquer une perte d’indépendance qui fait que même un cadre de La Gazette estime que « le niveau de compromission atteint suscite le dégoût ». Il suffit de feuilleter les pages : la communication institutionnelle, celle dont décident les élus et grandes structures d’influence, se déversent comme d’un robinet, dans les…

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Auteur: Le Poing