En ce mercredi matin d’automne, un léger brouillard recouvre le marché de la place du Pin, à Agen. À 10 h 35, les étals du stand de la boulangerie Louboulbil sont déjà presque vides et une procession ininterrompue d’habitué·es continue de défiler. « Ça ne s’arrête pas », s’amuse Christine entre deux clients à servir. Toujours le sourire aux lèvres et d’une efficacité redoutable, l’exploitante agricole est l’une des 21 vendeuses de l’entreprise. « J’ai commencé à travailler ici pour être au contact des gens, raconte-t-elle. C’était il y a dix-sept ans et depuis je n’ai pas arrêté. »
Christine est seule à tenir le stand, sans objectif de vente ni « flicage » de la part d’un N + 1. Avec 4 jours de travail par semaine, 10 semaines de congés payés, d’importantes primes d’intéressement et une hiérarchie minimale, Louboulbil n’est pas une boulangerie comme les autres. Le fondateur et gérant de l’entreprise créée en 1997, Jean-Pierre Delboulbe (voir photo ci-dessous), le revendique fièrement : « On est une boulangerie anarchiste. Toutes les décisions de l’entreprise sont prises selon trois critères à maximiser : le temps libre, la tranquillité et l’argent. »
Il faut réinventer le modèle classique de salariat, mais certains patrons ne sont pas prêts à l’entendre.
J-P. Delboulbe
C’est devenu une devise de Louboulbil : « 200 jours de repos par an, on en parle ? » D’après plusieurs employés, dans la plupart des boulangeries, on travaille 6 jours par semaine et 8 heures par jour. « C’est insoutenable comme rythme ! Pour moi, c’était évident qu’il fallait faire autrement, déclare Jean-Pierre. Dès 2004, on a décidé que 10 semaines de congés payés, c’était un minimum, et on est passé à la semaine de 4 jours en 2007. Je pense qu’il faut réinventer le modèle classique de salariat,…
Auteur: Thomas Lefèvre