La capture du carbone sert à extraire… du pétrole

Près des trois quarts des projets de « capture du carbone » servent en réalité à l’extraction du pétrole. Telle est la conclusion d’un rapport publié le 1er septembre par le groupe de réflexion Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Alors que ces technologies visent à extraire le CO2 de l’atmosphère afin d’atténuer le changement climatique, leurs effets bénéfiques pourraient être annihilés par la combustion de l’énergie fossile extraite.

Au total, treize projets de séquestration du carbone menés aux États-Unis, au Canada, en Australie, aux Émirats arabes unis, en Algérie ou encore en Norvège ont été analysés. Ces projets représentent près de 55 % des capacités de prélèvement de CO2 étudiés à travers le monde, « un échantillon suffisamment complet pour tirer des leçons sur l’ensemble du secteur », estiment les auteurs. Sur les 39 millions de tonnes de CO2 capturés, 28 (soit 73 %) sont injectés dans les couches profondes des sites pétrolifères en déclin. Cela permet d’aider à l’extraction des dernières gouttes de pétrole coincées dans la roche, expliquent les auteurs. Or « augmenter la production de pétrole n’est pas une solution climatique », fustigent-ils.

De plus, les porteurs de projets ont généralement surestimé les capacités de capture de carbone et leur efficacité. Les spécialistes soulignent enfin que certains projets émettent énormément de gaz à effet de serre pour fonctionner et que les sites dédiés à la capture du carbone devront sur le long terme faire l’objet d’une surveillance minutieuse afin de ne pas relâcher inopinément les millions de tonnes de CO2 capturés. Pour les auteurs, la capture du carbone ne constitue pas une solution pour le climat.

Rappelons que les États-Unis, second émetteur de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, misent fortement sur ces technologies. La récente loi étasunienne sur le climat prévoit notamment de multiplier par trois les crédits d’impôt alloués au développement de celles-ci (en plus des 12 milliards de dollars prévus). Au grand dam des associations écologistes. La France, quant à elle, envisage la séquestration du carbone avec plus de prudence. L’Agence de la transition écologique (Ademe) estime toutefois pouvoir à terme capter jusqu’à 24 millions de tonnes de CO2 par an.

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Auteur: Reporterre