La Caverne de Platoche

Pour en finir avec les vacances et le Soleil qui va avec, voici une parodie amusante du mythe de la caverne de Platon.

Parle-nous, ô Platoche, de l’immonde Caverne dont tu t’es extrait et de tes ébahissements sous les rayons du Soleil !

« Que ne fut ma surprise, lorsque, extrait de l’infâme Caverne où j’avais été, ma vie durant, attaché pieds et mains liés, je ne découvris les formes réelles du monde, ses couleurs vives et éclatantes, le chant mélodieux de quelques tourterelles et la douce odeur des champs fleuris. Imagine alors, très cher camarade, le choc des habitants de la Caverne, lorsque, telle une masse informe, je les conduisis à l’air libre dans ce véritable paradis.

Je t’épargne, mon bon ami, nos rares mésaventures quant aux quelques récalcitrants et brebis égarées de notre troupeau. C’est ainsi que, non sans peine, notre peuple pût enfin paître dans les champs fleuris et humer l’air pur du monde extérieur. Vois-tu, notre installation me sembla à ce point naturelle que je ne peux aujourd’hui me remémorer de quelconque difficulté d’adaptation, comme si notre être tout entier n’avait attendu, depuis les tréfonds de la Caverne, qu’à s’ébattre dans la lumière !

La tête chauffée par les rayons du Soleil, notre bienfaiteur, source de toute chose, mes camarades et moi-même étions enfin en total épanouissement, les Formes parfaites de la Connaissance inondant nos esprits. Tels de vrais sages – car ainsi nous étions devenus en découvrant les Formes éternelles ! – mes acolytes savaient désormais, en tant qu’êtres accomplis, que plus rien de mal ne pouvait leur arriver, comme si plus rien ne pouvait advenir tout court. Il n’y avait plus qu’à se laisser guider par les éclats du Soleil et croître à la façon des touffes d’herbes qui nous entouraient, en harmonie avec les pâquerettes et les papillons.

Un jour pourtant, je fus pris de graves interrogations – mais, en y repensant, j’étais sous doute ravagé par les effets de notre Soleil bien-aimé. Maudit soit ce jour car, dans ce monde qui ne connaît pas l’obscurité, je ne pus me défaire de ces sombres pensées : qu’y avait-il dans la Caverne que nous avions fui si précipitamment ? Ce doute me parut d’autant plus curieux qu’aucun souvenir ne me parvenait de la Caverne, pourtant omniprésente dans tous nos discours. Pourquoi, alors même que j’avais enfin accès, grâce au Soleil tout puissant, à la Vérité, étais-je incapable de me souvenir de ce qui se nichait au fond de la…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin