La chasse aux virus dans les forêts tropicales, un travail de fourmis…

La majorité des maladies infectieuses qui ont émergé chez l’être humain sont des zoonoses, ce qui signifie qu’elles trouvent leur origine chez les animaux. On estime en effet que sur les 1415 pathogènes qui ont été historiquement capables d’infester notre espèce, 62 % sont d’origine zoonotique.

Outre les bactéries, parasites ou champignons, les virus provenant de mammifères sauvages sont particulièrement préoccupants, en raison de leur rapidité de dissémination ou de leur gravité potentielle. Rappelons que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), Ebola ou les virus de syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2) sont tous soupçonnés de provenir de mammifères sauvages.

Au cours des 50 dernières années, la quasi-totalité des maladies émergentes ont surgi de la faune animale sauvage des forêts tropicales humides d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, toujours de manière inattendue et imprévisible, ce qui témoigne de notre incapacité à prévenir et anticiper ces émergences.

Mais les choses pourraient changer. Nos récents travaux ont en effet identifié de nouvelles alliées potentielles pour surveiller précocement les émergences virales : les fourmis, et plus précisément, les fourmis légionnaires. Explications.

Les virologues face au défi des forêts tropicales humides

L’imprévisibilité des émergences virales auxquelles nous avons fait face au cours des dernières décennies met en lumière notre méconnaissance profonde de la composition virale de ces écosystèmes. Bien que consciente d’une telle défaillance, la communauté scientifique semble désarmée et impuissante.

Elle se heurte en effet à une difficulté de taille : pour pouvoir étudier les nombreux virus qui circulent dans ces milieux, il faut avoir accès à des échantillons d’animaux et de végétaux qui sont les hôtes desdits virus. Or, les forêts tropicales sont généralement immenses, denses et impénétrables. De ce fait, la majeure partie de ces territoires sont totalement inexplorés, et seuls des nombres limités d’animaux peuvent y être capturés, prélevés, et donc analysés.

Par ailleurs, la plupart des virus se répliquent dans des cellules de la lignée monocytaire (les monocytes sont des cellules immunitaires), lesquelles sont principalement présentes dans les organes internes des animaux (rate et foie). Les débusquer nécessite le sacrifice de ces derniers, une pratique…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Éric Leroy, Directeur de recherche, virologue, spécialiste des zoonoses virales, Institut de recherche pour le développement (IRD)