La chasse en enclos, un « carnage organisé »

Lozère, reportage

Renards, sangliers, chevreuils européens, cerfs élaphes, chamois et isards… La chasse d’animaux en captivité est une pratique légale en France. De riches propriétaires terriens engrillagent de vastes parcs boisés, où foisonne le gibier d’élevage. Les chasseurs paient alors le droit de venir abattre les animaux enfermés, à l’abri des regards indiscrets. De véritables « parcs d’attractions », où tout est scrupuleusement aménagé pour l’amusement des clients.

De novembre 2018 à février 2019, Marie a infiltré l’un de ces enclos, dans le département des Deux-Sèvres. Elle a accompagné sous couverture un groupe d’une dizaine d’hommes et a assisté à sept chasses aux sangliers. « Dans mon imaginaire, ils allaient se placer sur un mirador et attendre qu’un animal passe pour tirer, dit la militante à Reporterre. Si seulement ce n’était que ça… »

Il s’agissait davantage de chasses à courre motorisées. Une meute de chiens était lancée sur la piste d’un sanglier. Les chasseurs, eux, se relayaient pour suivre la horde en véhicule. La traque s’éternisait bien souvent sur toute la journée. « L’éthique, c’est de faire courir les cochons au minimum trois heures ! », s’était esclaffé un chasseur, rapporte l’infiltrée. Surprise de voir l’homme laisser filer un sanglier à quelques pas de lui, Marie comprit alors que la mise à mort ne serait actée qu’une fois la proie épuisée.


La clôture d’un enclos de chasse sur le causse de Sauveterre au lendemain d’un incendie. 17 août 2022. Nos viventia

« Une fois le sanglier immobilisé, acculé contre un grillage, les chasseurs prennent un malin plaisir à observer les chiens le déchiqueter vivant », rapporte la lanceuse d’alerte. Une telle pratique est pourtant tout à fait illégale. Les chiens ne doivent pas servir d’arme, les chasseurs sont normalement tenus de les rappeler immédiatement pour éviter d’atroces souffrances à la prise. « Cette fascination pour la détresse des animaux m’a profondément choquée. Un jour, ils jubilaient devant un sanglier dont les testicules avaient été arrachées par les chiens. « Oups, le voilà castré ! », riaient-ils aux éclats. »

Cérémonies et concerts de trompes en l’honneur du gibier abattu accompagnent parfois certaines chasses classiques. Là, l’ambiance est tout autre. « Il n’y aucun respect de l’animal, aucun, poursuit la militante. Ces hommes sont d’une vulgarité sans nom. Leur présence m’était insupportable, je me suis…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre