Le capitalisme est souvent considéré comme le principal responsable de la crise écologique que nous traversons. Mais ses représentants n’ont jamais cessé de proposer des outils pour résoudre les crises environnementales, parmi lesquels nous trouvons la compensation écologique. Selon ce principe, analogue au « pollueur-payeur », l’aménageur qui détruit un écosystème doit en recréer un autre, similaire, dans un autre lieu, par exemple sur un site dégradé.
En France, la compensation a été introduite dès la loi de protection de la nature de 1976, au sein de la fameuse triade éviter-réduire-compenser. Dans l’esprit de la loi, la compensation est la solution de dernier recours, après que l’on ait évité et réduit au maximum les impacts environnementaux d’un projet d’aménagement, et elle n’est pas forcément liée à une approche libérale des problèmes environnementaux. Pourtant, aujourd’hui, la compensation est la principale approche mise en œuvre par les aménageurs face aux dégradations causées par leur activité. Par ailleurs, une approche de la compensation écologique par le marché s’est développée autour du concept de « réserve d’actifs naturels », précisé par la loi sur la biodiversité de 2016. Il prévoit que des acteurs économiques (jusqu’à maintenant, essentiellement une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation), mettent en œuvre des opérations de restauration écologiques préalablement à toute destruction d’écosystème, pour ensuite revendre ces « actifs » à des aménageurs en recherche de compensation. Une telle réserve a ainsi été créée dans la plaine de la Crau, en restaurant des prairies steppiques.
Tous les projets d’aménagement impactant des écosystèmes protégés sont concernés par la compensation. Pour prendre un exemple connu, et important en termes de superficie concernée, considérons le cas du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les 1 650 ha qui auraient dû être impactés par le projet étaient largement composés de zones humides, protégées au titre de la loi sur l’eau. Ils étaient habités par 14 espèces protégées (dont les triton marbrés et crêtés), comprenaient 11 habitats protégés par la directive du même nom, et 2 Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique. Pour compenser ces destructions, il était prévu de trouver 2 300 ha sur lesquels recréer les écosystèmes disparus (prairies, bocages, zones humides, mares…). Le plus grand projet de compensation jamais…
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Auteur: lundimatin