La condamnation arbitraire du maire d’Istanbul : nouvelle fuite en avant d’un régime acculé

La condamnation récente du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, signale que le régime de Recep Erdoğan est à bout de souffle. Le président actuel et son parti l’AKP, au pouvoir depuis vingt ans, feront tout pour ne pas voir leur pouvoir menacé.

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Ekrem İmamoğlu, du parti d’opposition CHP, a été condamné à 2 ans et 7 mois de prison assorti d’interdiction d’activité politique pour une raison totalement artificielle (« insulte à agent public ») le 14 décembre 2022. Il s’agit d’une décision initiée par le régime, le système judiciaire turc n’ayant plus aucune autonomie n’est plus qu’un décorum de l’arbitraire d’État. La décision faisant l’objet d’un appel, elle n’est pas mise à exécution. Cela intervient alors que les élections générales (présidentielle et parlementaire) se tiendront en même temps dans environ 6 mois et qu’Ekrem İmamoğlu est un adversaire potentiel du président Recep Erdoğan au scrutin présidentiel.

Dès la suspension de séance du tribunal, sans attendre le verdict, Ekrem İmamoğlu a appelé à un meeting d’urgence à Saraçhane, un haut lieu des rassemblements d’Istanbul. Ce meeting se poursuit le 15 décembre avec une participation massive de la population avec le maire d’Istanbul et les dirigeants du « partenariat des 6 » (Altılı Masa[1]). Ce « partenariat des 6 » est composé principalement du CHP (Centre gauche assez nationaliste, principal parti d’opposition et dont İmamoğlu est membre), Iyi Parti (Bon Parti, ex-fasciste en opposition au régime), Saadet (Parti de la Félicité, conservateur musulman opposé au régime), 2 petites scissions de l’AKP (le Parti de l’Avenir et le Parti de la Démocratie et du Progrès) et un petit parti de droite (Parti Démocrate).

Il s’agit du principal regroupement politique opposé à la coalition au pouvoir composée de l’AKP de Recep Erdoğan, des ultranationalistes du MHP (Parti de l’Action Nationaliste) et du BBP (Parti de la Grande Union). Il ne s’agit rien de moins que du premier meeting de masse du « partenariat des 6 », ce qui illustre le caractère unificateur de l’opposition à cette condamnation arbitraire. Il faut également noter que les composantes de la troisième coalition « Liberté et Travail » regroupant principalement le HDP (mouvement national kurde et secteurs démocrates turcs) ainsi que des organisations de gauche radicale ont également dénoncé cette décision et appelé à soutenir Ekrem İmamoğlu. 

Cette manœuvre est ainsi fondamentalement…

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Auteur: redaction