La crise inflationniste, une opportunité pour la transition écologique

Dans son plus récent Énoncé économique, publié le 3 novembre dernier, la ministre fédérale Chrystia Freeland réitère l’engagement de son gouvernement dans la lutte aux changements climatiques.




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Elle y propose des mesures ayant pour but de stimuler les investissements, notamment par la création d’un fonds de croissance de 15 milliards de dollars pour appuyer le déploiement des technologies nécessaires à la décarbonisation. Ce faisant, elle profite de la crise inflationniste pour promouvoir des mesures visant à accélérer la transition énergétique.

Professeur de management à HEC Montréal et responsable pédagogique de la maîtrise en management et développement durable, je m’intéresse au processus de la transition écologique. Dans cet article, j’explique comment la crise inflationniste actuelle ouvre une fenêtre d’opportunité pour créer un nouveau paradigme technico-économique avantageant les technologies vertes.

Économie verte : un changement de paradigme technico-économique

Le développement d’une économie verte passe par l’émergence d’un nouveau paradigme technico-économique. Ce type de paradigme peut être défini comme un environnement relativement stable qui favorise le déploiement d’une technologie à grande échelle, menant à une période de croissance.

Pour qu’un changement de paradigme s’impose, une révolution technologique est une condition nécessaire, mais pas suffisante : il faut également un cadre institutionnel favorable à la diffusion des nouvelles technologies. Cela passe par des changements qui amènent les entreprises à modifier leurs paramètres de décision pour que ceux-ci soient davantage en adéquation avec le nouveau paradigme.

Un changement de paradigme n’est pas simple, puisqu’il implique des changements institutionnels profonds qui passent, notamment, par l’adoption de mesures qui favorisent certaines technologies au détriment des autres. Du même coup, on modifie la valorisation des compétences en favorisant les connaissances et les compétences rattachées au nouveau paradigme. On pourrait donc valoriser, par exemple, les compétences rattachées à la filière des batteries électriques, au détriment de celles rattachées à l’extraction du pétrole.

Considérant que ces changements risquent d’entraîner de la résistance de la part des entreprises, voire des employés ou de la société civile en raison de ses effets destructeurs pour certaines industries, des conditions favorables à l’adoption des nouvelles mesures sont nécessaires pour espérer un changement durable.

C’est ce qu’on appelle une fenêtre d’opportunité.

Une crise peut créer des opportunités

Les crises économiques représentent une bonne fenêtre d’opportunité, puisqu’elles amènent de l’incertitude. Et cette incertitude ouvre la porte à différentes interprétations sur les actions à entreprendre afin de renouveler avec la croissance. Ces circonstances, bien que temporaires, sont favorables au changement.

Lors d’une crise, deux effets sont possibles. D’une part, une crise peut avoir un effet positif, où elle sert de catalyseur à la transition. D’autre part, la crise peut affaiblir l’attention du public, de la classe politique et du milieu des affaires aux problèmes environnementaux.

L’effet positif de la crise vient du fait qu’elle ouvre la porte au développement de solutions conjointes, permettant de résoudre à la fois des problèmes liés à la crise économique et des problèmes liés à la crise environnementale.

Bien qu’une crise crée un contexte favorable à une transition, toutes les crises ne mènent pas à un changement de paradigme. Alors que la crise financière de 2009 a été initialement favorable au développement d’une économie verte, la fenêtre d’opportunité s’est rapidement refermée lorsque l’attention du public s’est détournée des changements climatiques pour se concentrer sur des préoccupations davantage économiques.

Des préoccupations environnementales

Le contexte actuel est différent. Il y a donc des raisons d’être optimiste. Premièrement, les conséquences de la crise environnementale sont de plus en plus alarmantes et les appels à l’action sont de plus en plus nombreux et diversifiés. On observe donc un…

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Auteur: Yves Plourde, Professeur agrégé de management, HEC Montréal