En tant que papillon, le bombyx du murier traverse plusieurs phases d’évolution : l’œuf, le ver (ou chenille), la chrysalide et enfin le papillon. A l’éclosion, le ver mesure à peine 2 mm et se nourrit exclusivement de feuilles de murier. Lorsqu’il a atteint sa taille mature, il va commencer à tisser son cocon en bavant le fameux fil de soie. Le ver va rester dans son cocon (qui va se durcir au contact de l’air) pendant environ 16 jours. A la fin de cette période, le ver, devenu papillon, va percer le cocon pour pouvoir s’envoler.
Le problème, c’est qu’en perçant le cocon, le papillon va endommager la soie qui le compose. Ce qui ne plaît pas aux sériculteurs (éleveurs de vers à soie). Pour cette raison, le processus traditionnel de production consiste généralement à faire bouillir les cocons vivants (dans une cuve chauffée à 80 °C), ou les étouffer à la vapeur, ce qui tue les vers avant qu’ils n’émergent en papillons. Une étape éthiquement dérangeante, d’autant qu’elle n’est pas indispensable …
Produite dans certaines régions d’Inde, la soie de la paix (« silk peace »), ou « soie ahimsa » garantit une soie qui ne tue pas les vers. Le principe est simple : les cocons sont recueillis après l’émergence naturelle des papillons. A priori, le fil obtenu est moins qualitatif (à cause de sa discontinuité), mais moyennant des temps/couts de production plus élevés (donc un prix final plus élevé aussi), le résultat reste tout à fait satisfaisant. Notons que le principe « ahimsa » ne s’applique pas forcément au Bombyx du murier mais concerne aussi/surtout d’autres types de soie (Bombyx/soie Eri notamment).
Se pose par ailleurs la question du cout écologique. La culture des mûriers (arbres dont se nourrissent les vers à soie) nécessite souvent l’utilisation de grandes quantités d’eau, de pesticides, d’engrais chimiques … Quant aux vers, ils sont régulièrement traités avec des antibiotiques…
Auteur: Jérôme HENRIQUES