La culture d'algues suscite l'enthousiasme des écologistes… et de l'industrie

Pour le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), il s’agit bel et bien d’un « enjeu planétaire ». « Une palette d’opportunités pour atténuer et s’adapter au réchauffement climatique », renchérit dans un article Carlos Duarte, l’un des océanologues les plus réputés au monde. La culture des algues, puisque c’est d’elle dont il s’agit, a le potentiel d’être « une révolution », assène quant à lui Vincent Doumeizel, fondateur de la Safe Seaweed Coalition. Créé en mars 2021 avec le soutien de l’Organisation des nations unies (ONU), ce forum associe institutions scientifiques, start-up et multinationales de l’agroalimentaire comme Nestlé ou Cargill. L’algoculture est ainsi devenue l’une des rares activités humaines à avoir le soutien aussi bien de l’industrie que des écologistes, des scientifiques et des organisations internationales.

Les macro-algues — comme les scientifiques les appellent, pour les distinguer des algues microscopiques — apparaissent désormais comme un outil-clé pour aller vers un monde plus soutenable. Ces organismes ont en effet des vitesses de croissance fulgurantes : jusqu’à trente centimètres par jour ! Les plus grandes, comme le kelp (Macrocystis spp) peuvent atteindre de quarante à soixante mètres de long et former des forêts sous-marines. Elles font partie des écosystèmes les plus productifs de la planète, capturant par mètre carré autant voire plus de carbone atmosphérique que les arbres tropicaux.

Elles sont toutefois en danger : ces forêts subaquatiques, comme beaucoup d’écosystèmes, sont en voie de régression sous l’effet de différentes pressions humaines, allant du réchauffement climatique à la pollution, en passant par leur arrachage par les chaluts ou les ancres de bateaux de plaisance. De plus, les zones naturelles qui leur sont favorables sont limitées : il leur faut des fonds rocheux pour se fixer, et ces fonds doivent être relativement superficiels pour que la lumière du soleil y pénètre.

Ces forêts subaquatiques, comme beaucoup d’écosystèmes, sont en voie de régression.

La solution existe. À bas bruit, un bouleversement s’est opéré en Asie que certains n’hésitent pas à comparer (en importance) à l’invention de l’agriculture. Des scientifiques — au Japon et en Corée, notamment, où ces algues sont ramassées depuis longtemps pour la consommation humaine — ont inventé il y a 60 ou 70 ans l’algoculture. Elle consiste à faire pousser des macro-algues sur des supports (cordes, filets,…

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Auteur: Yves Sciama Reporterre