La culture entrepreneuriale est-elle vraiment plus développée ailleurs qu’en France ?

L’entrepreneuriat constitue un moteur essentiel de la santé et de la richesse de la société. Il est également un formidable moteur de la croissance économique. Il favorise l’innovation nécessaire pour non seulement exploiter de nouvelles opportunités, promouvoir la productivité et créer des emplois, mais aussi pour relever certains des plus grands défis de société, tels que les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.

La promotion de l’entrepreneuriat figure ainsi au cœur des préoccupations de nombreux gouvernements dans le monde. En France, les chiffres de la création d’entreprise ont atteint de nouveaux records, avec près d’un million de nouvelles entreprises en 2021, même si ce chiffre peut être relativisé en raison de la part du micro-entrepreneuriat et de l’entrepreneuriat lié aux plates-formes. Est-ce le reflet d’une culture entrepreneuriale qui s’est développée et installée ces dernières années ? Et comment se situe la France par rapport aux autres pays dans son rapport à l’entrepreneuriat ?

Pour répondre à ces questions, nous avons mené, en 2021, deux études pour le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) dans le cadre du LabEx Entreprendre de l’Université de Montpellier : la première porte sur l’activité entrepreneuriale et est menée auprès de la population française de 18 à 64 ans (Étude APS) ; la seconde porte sur l’écosystème entrepreneurial national et est réalisée auprès d’un panel d’experts (Étude NES). Ces deux études sont répliquées dans d’autres pays par des équipes nationales adhérentes au GEM, permettant ainsi une comparaison internationale.

La France dans la moyenne

L’étude menée auprès des experts montre notamment que, parmi les pays du G7, il existe une certaine proximité sur la perception de l’écosystème entrepreneurial, qui est vu comme globalement favorable. Seuls les États-Unis (5,3/10) se distinguent légèrement. On peut noter une forte similarité entre des pays comme l’Allemagne, le Canada et la France (5,1/10) pour lesquels les conditions sont perçues globalement comme assez favorables. Ces conditions sont en revanche perçues comme moins favorables pour l’Italie et le Japon (4,7/10).

Global Entrepreneurship Monitor (2022)

Parmi les 19 pays les plus riches participant au GEM, la France se distingue en termes de politiques gouvernementales (4e/19). Les efforts réalisés au niveau national et régional depuis une vingtaine d’années pour favoriser l’entrepreneuriat sont donc reconnus et ont contribué à faire émerger un écosystème de l’accompagnement entrepreneurial particulièrement dynamique.

La France reste toutefois en retrait sur les normes culturelles et sociales (18e/19) et sur l’éducation entrepreneuriale au niveau du primaire et du secondaire (17e/19). La révolution entrepreneuriale ne semble donc pas encore faire sentir tous ses effets sur la société et des efforts sont encore nécessaires pour diffuser une culture entrepreneuriale. De même, la question de l’accès au marché apparaît comme un point faible (17e/19) de l’écosystème entrepreneurial français, ce qui fragilise le développement des entreprises émergentes.

Représentation positive

La valorisation de l’activité entrepreneuriale dans un pays, et donc le poids de la culture entrepreneuriale, peut être appréciée à l’aide de quatre indicateurs. Il s’agit d’évaluer : si l’entrepreneuriat est perçu comme un choix de carrière souhaitable, s’il confère un statut social élevé, s’il est valorisé dans les médias et si finalement il est facile d’entreprendre en France. C’est ce que nous avons fait dans l’enquête auprès de la population générale.

Si l’on compare la France par rapport aux économies du G7, elle se situe là encore dans la moyenne. Pour un peu plus des deux tiers des Français interrogés, l’entrepreneuriat constitue un choix de carrière souhaitable. Pour autant, seule une courte majorité (55,4 %) considère qu’il s’agit aujourd’hui d’un statut social élevé.

Global Entrepreneurship Monitor (2022)

Global Entrepreneurship Monitor (2022)

Cette représentation…

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Auteur: Karim Messeghem, Professeur des universités, Université de Montpellier