La culture sous l’ère Macron, ou l’incendie des cathédrales

[Le bilan Macron – III] En matière de culture, le pouvoir macronien fut fidèle à ses principes : maladroitement interventionniste et en même temps passionnément libéral. Une idée se dégage du (premier ?) quinquennat : la culture est un business comme un autre. Même lorsque cela concerne des monuments et des institutions que nous pensions sacrés.

C’est un événement qui est passé relativement inaperçu, mais la Fiac s’est évaporée. Ou plus précisément : le salon parisien d’art contemporain qui se tient chaque automne au Grand Palais abandonne l’organisateur Fiac (et son nom) pour le remplacer dès 2022 par Art Basel, leader mondial des organisateurs de salons dans ce domaine. Mise en concurrence, appel d’offre, mondialisation et anglophonie : tout cela ne sonne-t-il pas furieusement libéral dans un champ (l’art contemporain) que l’on associe déjà très spontanément au libéralisme ? Certes, l’organisateur du salon a toujours été privé. Mais rappelons que le commanditaire, la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, est un opérateur public placé sous l’autorité du ministère de la Culture. Dans un monde parallèle, le salon national d’art contemporain pourrait être public ; le tout-commercial est un choix.

Autre choix des pouvoirs publics : la longue fermeture des musées en 2020 et 2021. Certes, la mesure passait relativement inaperçue à côté d’un couvre-feu tout aussi discutable, désormais remisé dans nos lointains souvenirs de l’époque pré-vaccinale. Les musées et les monuments, plus aérés que les salles de cinéma, ont fermé presque aussi longtemps qu’elles. Il faut dire que les touristes manquaient. À travers le principe générez du cash touristique ou fermez au grand public, on crut deviner une forme de mépris des institutions muséales et de leurs visiteurs.

La fébrilité d’un canard sans tête

Sur les musées, nous espérons nous tromper, peut-être le gouvernement s’est-il comporté avec eux comme il l’a fait avec les commerces ou les horaires de couvre-feu, sans cap ni logique. 

Rappelons que l’État n’a pas été simplement libéral pendant la crise, il a su être interventionniste. Quatorze milliards : c’est la somme que la France a débloquée pour soutenir la culture (institutions, entreprises et intermittents) face au Covid. Cela n’a pas empêché les TPE du secteur culturel de traverser une zone de fortes turbulences qui doivent beaucoup… à l’État lui-même, qui a longtemps interdit les réouvertures des lieux…

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Auteur: Pierre Bonnay