La Cybernétique à l'assaut de l'Homme

Ce texte, remanié pour lundimatin, est tiré de la séance 33 du Séminaire La Gestion Génocidaire du Globe, intitulée « Les animaux malades de la Cybernétique » et animé par Stéphane Zagdanski. Il revient sur l’opposition entre l’animal et la raison qui fait de l’homme un animal rationnel depuis Descartes afin d’expliquer l’origine de la cybernétique au sein des conférences Macy (1942-1953) comme une tentative d’en finir avec la part animale pour tout résoudre dans la raison. Il présente au passage la bande de savants fous responsables du mouvement cybernétique (Wiener, Von Neuman, McCulloch, etc) et leurs descendants plus ou moins lointains (Minsky).

« Effondrement et dévastation trouvent l’accomplissement qui leur convient en ceci que l’homme de la Métaphysique, l’animal rationale, est mis en place (fest-gestellt) comme bête de labeur. »
Heidegger, Dépassement de la Métaphysique

Avec Descartes s’inaugura une dichotomie entre deux termes dont la conjugaison caractérisait depuis longtemps l’Homme en Occident, classiquement défini comme animal rationale, « animal doué de raison ».

Cette dichotomie n’est pas neutre : elle s’accompagne d’une sourde animosité de la part du rationale à l’égard de l’animal, dont la passion de Descartes pour « voir tuer des bêtes » (lettre à Mersenne du 13 novembre 1639) est la forme la plus crue.

Pendant des siècles l’Occident cartésien a soutenu l’auto-entreprise philosophique de l’homme, ambitionnant de se définir, de se comprendre, de se penser, de s’appréhender, bref de se cogiter ex nihilo. C’est bien le « cogito  » de Descartes qui marqua le coup d’envoi de cette entreprise surhumaine : s’auto-extirper de soi pour se considérer depuis l’intérieur de son extériorité même. Et c’est encore Descartes, avec sa conception de l’« animal-machine », qui fournit l’impulsion initiale au délire cybernétique visant la dissociation ultime, soit l’amputation par le rational de l’animale.

Non contents d’être ambivalents chacun dans son coin, ces deux termes latins formaient depuis toujours en leur conjugaison une insoluble énigme. Cette énigme imprègne en l’homme l’association de ce qu’on appelle en Occident l’âme et le corps, mais qu’on nomme et conçoit ailleurs autrement. Cette énigme donna lieu à mille théories diverses et inconciliables. La « glande pinéale » de Descartes est conforme à son interprétation de la dichotomie entre l’animal et le rationale  ; le…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin