La danse comme simulacre politique

Christophe Apprill est socio anthropologue, il travaille sur la danse. Le 11 juillet dernier, il s’est rendu sur le vieux port à Marseille pour assister à une représentation gratuite de Room with a view du collectif (La) Horde. Dans ce compte-rendu, il interroge les liens qui parviennent ou non à se faire entre expression artistique et moments politiques (ici les émeutes à la suite de la mort de Nahel M.).

Dans le cadre de « L’été marseillais » organisé par la Mairie de Marseille, Room with a view est donné gratuitement sur le vieux port. La scène flotte sur l’eau, des gradins ont été disposés juste devant la façade de la Mairie. Le maire Benoît Payan offre gratuitement ce spectacle créé par le collectif (La)Horde, qui dirige le Ballet national de Marseille (BNM) depuis 2019. Il s’inscrit dans la filiation des maires, majoritairement de gauche, qui depuis la fin des années 1970, ont exploité le potentiel de jeunesse, de beauté et d’érotisme des danseurs contemporains pour valoriser l’image de leur ville. La nuit tombe sur l’entrée du musicien Ron, « acteur incontournable de la scène électro française » et d’une danseuse qui se lance aussitôt dans un déhanché au rythme de la musique qui augmente graduellement en volume. Elle est rejointe progressivement par les dix sept danseurs sur la partie haute du décor, sorte de carrière désaffectée où se dessinent des gradins. La phrase inaugurale génère cette ambiance familière des clubbers où la danse individuelle, magnifiquement illustrée par les singularités des interprètes, se fond dans un magma collectif, d’où jaillit une énergie figurant « un acte de résistance » à « la perspective écrasante de l’effondrement ». Progressivement la troupe investit le bas du plateau. Après le souffle collectif, les duos alternent entre étreinte amoureuse et dispute violente. Cette dernière apparaît parfois peu crédible, tant elle est…

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Auteur: dev