La Découverte de François Gèze : vie et mort du fonds Maspero

Gustav Klimt. — « Tod und Leben » (La vie et la mort), 1908-1915.

Le 28 août dernier disparaissait l’éditeur François Gèze, qui a tenu différents rôles d’importance, pendant un demi-siècle, au sein d’un champ éditorial français entre champs de mines et champs de ruines. Ingénieur économiste sorti de l’École des mines au début des années 1970, membre du Parti socialiste unifié (PSU) et proche des réseaux tiers-mondistes parisiens, François Gèze rejoint les éditions Maspero en 1977, où il dirige la collection du Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cédétim). Cette maison, liée à la plupart des avant-gardes gauchistes alors fécondes, est le principal éditeur français des théoriciens marxistes et l’emblème des luttes anti-impérialistes et pour l’émancipation des peuples.

En 1983, dans un contexte économique difficile, François Maspero rachète son nom en cédant sa maison pour un franc symbolique sous le nom de La Découverte, qui sera dirigée par François Gèze. Par la suite, ce dernier dira longtemps que le « fonds Maspero ne valait rien ». Quarante ans plus tard, il est probable que la part de La Découverte dans les 789 millions d’euros du chiffre d’affaires produit en 2022 par les 58 marques du groupe Editis est sensiblement supérieure à un euro symbolique. Mais au-delà des affaires de gros sous — qui ont tout de même participé à la reprise par Vincent Bolloré, en 2023, du groupe Hachette —, dans un univers où, plus que dans aucun autre, la part symbolique, justement, est déterminante, voir le fonds Maspero aux mains de l’emblème du renouveau de la droite catholique réactionnaire a quelque chose de désespérant.

Comment en sommes-nous arrivés à cette extrémité ?

Les premiers livres de La Découverte paraissent deux ans après l’élection de François Mitterrand, l’année du « tournant de la rigueur » et…

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Auteur: Thierry Discepolo