La déesse, le film ou la cité : quelle Athena brûler ?

La superproduction netflixienne a beau démarrer avec une conférence de presse interrompue par la mise à sac impeccable et pleine de grâce d’un commissariat, il semble qu’elle ait fait l’unanimité contre elle chez nos ami·es, de Contre-Attaque à Louisa Yousfi. Deux chercheurs en art et communication ont, quant à eux, adopté un point de vue différent, lui faisant croiser le fer avec Sun Tzu, Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, Elephant ou encore Olympia. Ils auscultent tour à tour Athéna la déesse, Athena le long-métrage et Athena la pas si fausse cité enclave. Et si le film de Romain Gavras n’était pas si pourri que ça ?

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Tragédie : « Événement ou enchaînement d’événements terribles,
funestes, dont l’issue est fatale. »

Lorsque tu regardes Athena sur Netflix, quelque chose te prend aux tripes, un poing qui ne lâche pas l’estomac dans cette course-poursuite effrénée. Les jeux de caméras, les lumières, les couleurs ne sont pas seulement de l’enrobage esthétique accompagné de musiques et de pyrotechnies. Les jeux des acteurs et des actrices dans cet ensemble chorégraphié et millimétré avec les foisonnants fourmillements des figurants et figurantes font que tout semble se passer du dedans – depuis les entrailles. Une pulsion qui t’oblige à affronter une réalité française qu’on s’acharne à stéréotyper et à malmener, génération après génération. Cette esthétique est tout sauf la dénégation du social, elle en est ici la porte d’entrée. Athena est un long travelling marathonien au centre d’espaces en suspens, une tragédie annoncée, une destinée qui se répète. C’est aussi le nom d’une déesse grecque, celle de la stratégie militaire. Mais Athéna, patronne et protectrice des cités, ne les a protégés de rien.

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Athena, dans le film de Romain Gavras est une cité de banlieue semi-fictive car son décor est une cité d’Évry, une dalle de béton dans l’Essonne en voie de destruction. Symétrique, entre Lego et Kapla, elle doit cette existence échelle 1/1 à une manière sociétale d’estimer la place de certain·es humain·es. Athena incarne l’irresponsabilité des politiques, la mégalomanie d’architectes et le pouvoir du BTP. Sa topographie (réelle), à 6 mètres au-dessus du sol, voit passer le balai quotidien d’un flux de véhicules sur une 2 x 2 voies, symbole de l’accès au réseau collectif dont ils et elles sont généralement coupé·es ou filtré·es. Alors ici, Athéna brandit ses habitant·es, Les Abandonnés

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Auteur: lundimatin