« La défense du droit international est devenue un discours inaudible »

Que peut encore la diplomatie quand seul le vacarme des armes est entendu ? Chargé de recherche à l’Observatoire des armements, Tony Fortin questionne le rapport que les États entretiennent avec leur industrie de défense et la manière dont cette économie, opaque, reste insuffisamment connue par le politique et la société civile.

L’attaque américaine vient mettre fin à plusieurs semaines de négociations entre l’Iran et les diplomaties occidentales. Comment interprétez-vous l’usage de la force armée contre l’effort diplomatique ?

Tony Fortin : Depuis le 11-Septembre, l’usage des armes est privilégié sur les règlements pacifiques des conflits. Dans les années 1990, au milieu des guerres, naissait cet espoir d’un ordre international basé sur les normes et le droit. Aujourd’hui, on le constate nous-mêmes dans notre travail d’expertise, il n’est plus possible de dialoguer avec des pouvoirs publics français sur l’armement.

Nous vivons un entraînement par la force de notre diplomatie, alors qu’il existe des alternatives multilatérales et collectives sur le sujet du nucléaire militaire. Il y a un traité d’interdiction des armes nucléaires, adopté par l’ONU et entré en vigueur en 2021. Ce traité met à égalité les puissances qui n’ont pas l’arme nucléaire avec celles qui l’ont. Or ce traité-là n’est pas du tout présent dans le débat actuellement. Pourtant, précisément, il permet une réponse durable par rapport à cet enchaînement auquel on assiste aujourd’hui. La défense des traités internationaux et du droit est devenue un discours inaudible entre grandes puissances.

Israël mène un génocide à Gaza, continue de frapper le Hezbollah qu’elle a attaqué l’an dernier, le régime syrien s’est effondré en janvier… Comment analysez-vous le désintérêt du droit qui encadre l’usage des armes ?


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Auteur: Hugo Boursier