La demande de voitures neuves peu impactée à court terme par la hausse des prix des carburants

La situation exceptionnelle à la suite de la guerre en Ukraine a conduit en mars 2022 à un dépassement du seuil des 2 euros/L pour le prix du carburant à la pompe. Une hausse conjoncturelle du prix du carburant peut-elle avoir des effets bénéfiques pour l’environnement ? Peut-elle limiter la pollution par le transport routier, notamment via le renouvellement du parc automobile ?

La réduction des émissions de gaz à effet de serre par les véhicules (principalement du CO₂) reste en effet un enjeu fort pour les pouvoirs publics. En 2019, le transport en France était ainsi le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre avec 30 % des émissions nationales et le transport routier représente 94 % des émissions du transport. Le transport routier pollue également du fait de l’émission par les véhicules diesel, toujours majoritaires dans le parc automobile français, de particules fines (en l’absence de systèmes de dépollution) et d’oxydes d’azote aux effets néfastes sur les voies respiratoires.

Taxation impopulaire

La taxation du carburant est un outil pour modifier les choix des consommateurs. Une taxe carbone peut en effet jouer le rôle de taxe pigouvienne, c’est-à-dire renchérir le coût des produits aux effets négatifs sur l’environnement pour que les consommateurs internalisent les externalités ainsi générées.

Taxer le carburant présente même un double bénéfice en permettant non seulement une diminution du kilométrage mais aussi un renouvellement du parc avec davantage de véhicules moins polluants (avec cependant le risque d’un effet rebond, c’est-à-dire que les consommateurs augmentent leur kilométrage lorsqu’ils achètent une voiture plus économe en carburant).

Ce type de taxation reste malheureusement impopulaire du fait de son caractère dit régressif, c’est-à-dire réduisant le pouvoir d’achat des ménages, en particulier les plus modestes, qui n’ont pas toujours d’autres stratégies de substitution énergétique. Ceci explique qu’en France, après le rejet de deux projets législatifs en 2000 et 2010, la taxe carbone ait été introduite en 2014 avec un montant initial assez modeste de 7 euros par tonne de CO2. Ce montant a été réévalué chaque année jusque 44,60 euros/t de CO2 en 2018. Suite au mouvement des « gilets jaunes », aucune réévaluation n’a eu lieu en 2019.

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Sans même recourir à une taxe, la hausse conjoncturelle du prix du carburant peut modifier les comportements des consommateurs. La demande de carburant diminue ainsi quand son prix augmente avec des élasticités de l’ordre de -0,5 en France (quand le prix augmente de 1 %, la demande baisse de 0,5 %). Du fait du caractère régressif de cette augmentation, l’État décide de subventionner une remise de 18 centimes…

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Auteur: Céline Grislain-Letrémy, Economiste-chercheur en économie de l’environnement, ENSAE ParisTech