La démocratie disparaîtrait-elle sans les énergies fossiles?

Ces derniers mois, se diffuse l’idée que ce seraient les énergies fossiles qui auraient permis à la démocratie de gagner du terrain dans nos sociétés modernes, en instaurant une forme de paix sociale, et que, par conséquent, cette même démocratie se trouverait menacée par la décrue de l’abondance énergétique.

Mais pour qu’une telle hypothèse soit vérifiée, il faudrait d’abord s’accorder sur ce que nous désignons aujourd’hui par le mot « démocratie », puis être capable d’identifier, dans le tissu complexe de l’histoire, la nature exacte des liens qui unissent la production et la consommation d’énergies fossiles d’une part, et la dynamique sociale et politique des États occidentaux d’autre part. Ce qui, les historiennes et les historiens le savent, n’est pas une mince affaire. 

De quoi « démocratie » est-il le nom ?

Lorsque la démocratie se trouve mise à l’agenda politique de l’Europe et des États-Unis, à partir de la fin du XVIIIe siècle, le cadre a changé : on n’a plus affaire à une petite communauté politique d’environ 50 000 citoyens, comme c’était le cas à Athènes, mais à des États nations. Un discours d’Abraham Lincoln prononcé en 1863 donne une définition de la démocratie qui est passée à la postérité et reste citée comme référence aujourd’hui : le « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». C’est cette formule qui a été reprise dans la Constitution française pour définir la nature du régime de la IVe puis de la Ve République.

Bien sûr, la reprise progressive, et de plus en plus consensuelle, du mot grec « démocratie » ne signifie pas que nous avons affaire au même type de gouvernement que celui promu par Périclès dans l’Athènes classique. Les démocraties modernes n’ont pas grand-chose à voir avec le régime expérimenté par les Grecs – et l’on pourrait ajouter qu’elles mettent chacune en œuvre de manière singulière les…

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Auteur: Adeline Grand Clement