La dernière côte sauvage du Portugal disparaît sous les résidences de luxe

Côte de l’Alentejo, Portugal

C’est une plage magnifique, longue d’une soixantaine de kilomètres, baignée par les rouleaux de l’océan. Derrière elle, les larges dunes de sable blanc forment des habitats uniques pour la biodiversité. Et dans les terres, des pinèdes s’étalent à perte de vue. Le début de cette côte de l’Alentejo, à une heure au sud de Lisbonne, est un havre de tranquillité comparé aux stations balnéaires de l’Algarve, à l’extrême sud du pays. Et pourtant, depuis quelques années, d’imposantes grues de chantier dépassent la cime des arbres, depuis la pointe de Tróia jusqu’à la ville de Sines. Presque partout, tractopelles et camions-toupies s’activent sur le sable pour faire sortir des dunes résidences de luxe, piscines et golfs.

Problème : la plupart de ces projets sont en pleine zone Natura 2000 et aux portes de la réserve naturelle de l’estuaire du Sado. « C’est un espace très sensible : le fleuve d’un côté et la mer de l’autre. Les zones dunaires abritent beaucoup d’espèces classées, dont des oiseaux qui viennent nicher et s’alimenter, déplore José Paulo Martins, de l’association écologiste Zero. Les constructions s’étalent sur 800 hectares et cassent les trames naturelles. »

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Une simple vue satellite des vingt dernières années suffit à constater la ruée vers l’immobilier subie par cette région traditionnellement rizicole. Les pinèdes sont trouées comme un gruyère par l’étalement urbain, et de grandes étendues de terres arasées attirent l’œil : ce sont les quatre golfs en projet qui vont venir s’ajouter à l’existant. Et tous sont bel et bien sur la dune, en zone Natura 2000. Carlos Moura, de l’ONG écologiste Quercus ne cache pas son chagrin : « Les golfs, c’est une pression sur les ressources hydriques, une modification des habitats, et l’utilisation de pesticides et herbicides qui vont ensuite se diffuser dans les nappes phréatiques. Les écosystèmes vont être significativement modifiés. Et l’agriculture locale va bien évidemment en subir les conséquences. »

Au Portugal, ces vingt dernières années, les ressources en eau ont diminué de 20 %. Dans leur étude d’impact environnemental, les promoteurs avancent que le gazon des golfs sera arrosé avec les eaux usées des habitations alentour… Sauf qu’une grande partie de ces habitations n’est pas encore sortie de terre. « Comment ces projets sont-ils rendus possibles ? C’est une décision politique ! », assure José…

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Auteur: Juliette Cabaço Roger Reporterre