La détresse paysanne dans un monde agricole qui dégringole

Le monde paysan m’a toujours attiré.
 À mes yeux, se nourrir est l’essentiel de la vie. Sans tous nos paysans, nous ne serions pas grand-chose. Je voulais photographier des fermes pour honorer leur labeur, la beauté de leur geste.

De reportage en reportage, de ferme en ferme, le mot suicide résonne.
 La discrétion est de rigueur, on en parle, mais peu. Les agriculteurs sont des taiseux.
 J’ai observé la dureté du milieu. Cet univers m’a plu. Des gens passionnés, vrais et simples.
 Mais ces suicides m’ont choquée, touchée. Comment en parler ? M’est venue l’idée de la chaise vide pour symboliser l’absence. J’en ai parlé à un ami paysan, qui m’a dit : « Ouh là, c’est raide… Non, c’est trop dur. » Alors, j’ai mis mon projet en attente. Et puis, en octobre 2018, j’ai rencontré Patrick Maurin pendant sa marche contre le suicide (il a parcouru 500 km en tout). Il m’a dit : « Si tu veux le faire, fonces, fais-le ! »

Mais, je ne voulais pas seulement des chaises vides, abstraites. Je voulais les relier à quelque chose de concret, de réel. J’ai alors décidé de rencontrer les familles endeuillées et de photographier la chaise vide dans l’endroit qui symbolisait le mieux le paysan disparu. J’ai écouté le témoignage des familles pour le retranscrire ensuite par écrit.
 Mon travail, cette aventure, a été d’une richesse humaine incroyable. J’ai creusé plus encore et j’ai parlé à ceux qui ont failli passer à l’acte ou qui en ont eu marre de ce système. Ils se sont assis sur la chaise pour dire : « On est là, mais on galère. »

Après un an et demi et plusieurs témoignages recueillis, que puis-je en dire ?
 La nature, c’est beau, mais travailler vraiment en son sein,…

Auteur : Karoll Petit
La suite est à lire sur : reporterre.net