La dette comme justification des coupes budgétaires (Nicolas Dufrêne au Forum de la justice fiscale)

La dette est souvent mobilisée pour justifier la réduction des dépenses publiques. Il est intéressant de noter que la dette semble moins préoccupante lorsque des cadeaux fiscaux sont en jeu, comme le démontre la baisse des impôts sur les sociétés et la suppression de l’impôt sur la fortune. Ces décisions aggravent la situation budgétaire en privant l’État de ressources cruciales. En réalité, la dette publique n’est pas un problème intrinsèquement grave. Elle devient « urgente » ou « alarmante » en fonction des discours et des intérêts en jeu.

Ce que l’on observe, c’est que la gestion de la dette publique repose principalement sur la dynamique des marchés financiers. Actuellement, l’offre de financement pour l’État par les marchés est 3 à 4 fois supérieure à la demande, ce qui signifie qu’il n’y a aucune difficulté pour placer la dette publique. En effet, si les États dépendent des marchés financiers pour financer leur dette, ces mêmes marchés dépendent tout autant, sinon plus, des États pour se procurer cette dette. La dette publique est devenue un actif indispensable, notamment pour les banques, les assurances et pour le bon fonctionnement des opérations interbancaires.

Cette interdépendance a été mise en lumière de façon flagrante en 2019 lorsque l’Allemagne a cherché à se désendetter, créant un déficit de dette publique disponible sur les marchés, ce qui a provoqué un mini crash. En réponse, les marchés se sont tournés vers la France, devenue un pilier émetteur de dette au sein de la zone euro.

La dette comme enjeu démocratique

Un aspect crucial de ce débat est la place du Parlement et des citoyens dans la gestion de la dette publique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les élus n’ont aucune emprise réelle sur les négociations relatives à la dette (taux d’intérêt, durée de remboursement, etc.). Cette tâche est déléguée à des institutions techniques…

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Auteur: Nicolas Dufrêne