La dette, nouvelle forme de travail des femmes

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« Controverses » est un nouveau format de The Conversation France. Nous avons choisi d’y aborder des sujets complexes qui entraînent des prises de positions souvent opposées, voire extrêmes. Afin de réfléchir dans un climat plus apaisé et de faire progresser le débat public, nous vous proposons des analyses qui sollicitent différentes disciplines de recherche et croisent les approches. La série « travail » s’attache à décrypter des aspects improbables, parfois inconnus ou impensés autour de cette notion actuellement au coeur des débats politiques.

« Je passe mon temps à gérer et à faire tourner la dette. Comment voulez-vous que je travaille ? » (Pushpurani)

Femme Dalit (ex-intouchable) d’un village du Tamil Nadu (Inde), Pushpurani jongle en permanence avec dix à vingt prêts, contractés auprès de compagnies financières, de prêteurs informels, de l’élite locale et de voisines.

« Pourquoi autant de retraités retournent travailler ? À cause des dettes. » (Felipe, habitant d’une favela de Vitoria, Brésil)

La mère de Felipe, Dona Gê, 74 ans, confectionne des vêtements et vend des gâteaux dans la rue depuis que le remboursement des crédits absorbe 70 % de sa pension de retraite.

Ces témoignages illustrent les répercussions concrètes, pour les femmes de milieux populaires, d’une évolution observée à l’échelle globale ces trois dernières décennies : l’explosion de l’endettement des ménages, tiré par un accès élargi au crédit et une vulnérabilité économique accrue.

Dans différentes régions du monde, la gestion de la dette au quotidien s’apparente à une réelle forme de travail ; or ce « travail de la dette » est en premier lieu déployé par les femmes. Trouver les fonds pour rembourser la dette entraîne ensuite de nouvelles formes de mise au travail, un « travail…

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Auteur: Isabelle Guérin, Directrice de recherche à l’IRD-Cessma (Université de Paris), affiliée à l’Institut Français de Pondichéry, Institut de recherche pour le développement (IRD)