[Les faits qui font le départ de ce texte ont eu lieu – tout, ici, ne relève pas de la fiction. Pour faire croire à ce qu’on peine à croire, il faut parfois le rendre encore moins croyable. Certaines aberrations restent invisibles par trop de récurrences. Poussées à l’absurde, elles pourraient commencer d’apparaître.
Qui lira fera la part des choses. Ça ne devrait pas être trop difficile – il suffira de s’en remettre aux italiques.]
Rien de très net. Des glissements, plutôt. Ça s’était produit par glissements.
Des répétitions, convergentes, avaient eu raison de l’hypothèse d’un livre réalisé à deux. Pulsion avait pourtant passé pour une co-écriture : ouvrage d’un auteur et d’une autrice. Et puis, lentement, une sorte d’insistance ; pour finir on se frottait les yeux, sans succès – elle n’était plus là.
On avait beau chercher, scruter la couverture, on ne voyait qu’un nom.
Sur les réseaux sociaux, ladite couverture faisait office de preuve tangible. Et unique. Tant que dura cette querelle, en effet, personne, sauf exception, ne lirait le livre – il était volumineux à un point qui ne devait pas conditionner le désir d’en parler au fait de l’avoir lu. Les images, elles, étaient à disposition, sans paywall : elles constituaient une meilleure base de discussion. D’aucuns objectaient que c’étaient malgré tout des pièces à conviction fragiles : en circulaient des versions parfaitement contradictoires. Certaines reproductions portaient deux noms, d’autres, un seul – pas toujours le même.
Le débat s’enlisait.
L’équipe Genre de Médiapart avait fini par se pencher sur l’affaire : s’il était établi, un tort de cette nature rencontrait son devoir de vigilance, il fallait donc enquêter – à plus forte raison s’agissant d’un ouvrage qui entreprenait de déphalliciser la psychanalyse. L’article commençait évidemment par donner la parole aux voix les…
Auteur: dev