La disparition du bocage et des haies continue malgré les aides publiques

« Quand ils ont repris mes terres, ils ont tout rasé, mis tout ça « propre ». Il y avait quatre parcelles, il n’y en a plus qu’une. J’avais des beaux chênes, c’est moi qui les avais élevés quand même. Ça m’a fait mal au ventre, je peux te dire. » Maurice, paysan retraité dans le Goëlo (Côtes-d’Armor), est amer de constater la dégradation du paysage dont il a eu la charge. C’est loin d’être un cas isolé. Les paysages et la biodiversité du bocage du Nord-Ouest de la France s’appauvrissent à une vitesse qui impressionne même les chercheurs.

Les haies continuent de subir un déclin de grande ampleur. Pire : le rythme s’accélère depuis la dernière décennie. Chaque année, environ 23 500 kilomètres de haies disparaissent en France. 70 % ont été rayées de la carte depuis les remembrements des années 1950.

La tendance n’est pas prête de s’inverser : « La disparition et la dégradation des haies sont des conséquences inéluctables de l’évolution de notre modèle agricole, explique le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), remis au ministère de l’Agriculture en avril 2023. L’intensification des productions, la régression de l’élevage à l’herbe, la baisse constante du nombre d’agriculteurs avec en corollaire l’augmentation de la taille des exploitations ont fait des haies une contrainte pour l’exploitant agricole. »

Cette analyse est partagée par les chambres d’agriculture de Bretagne qui désignent « l’évolution du parcellaire et des exploitations – reprise de parcelles, échanges, agrandissement d’entrée de champ » parmi les causes des arrachages.

Grand champ, petit talus, un tracteur au milieu

© Yann Le Sacher

Recul de 4 % du bocage

Pourtant, le déclin de la haie revient à perdre une alliée précieuse face à l’effondrement de la biodiversité et aux conséquences du dérèglement climatique : inondations catastrophiques,…

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Auteur: Nolwenn Weiler, Yann-Malo Kerbrat