La fable de Noël des taxis volants parisiens

Jean-Manuel Traimond est écrivain. Le texte qui suit est un conte de Noël. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.


Dans son infinie bonté, le Père Noël a voulu donner un merveilleux cadeau à Paris, si éprouvée ces derniers temps, entre la construction accomplie des Tours Duo et celle prévue de la Tour Triangle, alors que la ville ne manque pourtant pas de phallus métalliques. Mais que choisir ? Devant sa perplexité, son lutin le plus futé, titi parigot à ses heures perdues, lui rappela que Paris a toujours souffert d’embouteillages. Embouteillages ? Rennes volants ?

Eurêka ! Le Père Noël décida d’offrir des taxis volants aux Parisiens. Il envoya le lutin futé présenter cette brillante idée à la RATP, à Aéroports de Paris, à la région Île-de-France, etc. Concert de louanges. Que d’argent à gagner ! Que de prestige pour les dirigeants des services publics ! Quelle image moderne pour la France ! Quel bon thème de campagne pour la présidente du Conseil régional ! Ce « nouveau mode de transport, totalement innovant », insistait-elle, s’appellerait le Volocity et serait développé par le constructeur allemand Volocopter.

Un quotidien très lu dans les beaux quartiers annonça quelque temps plus tard qu’une trentaine d’industriels et d’institutions allaient lancer des tests en conditions réelles sur l’aéroport de Pontoise-Cormeilles-en-Vexin, à 35 kilomètres de Paris. Bientôt, jura le PDG du Groupe Aéroports de Paris, cet aéroport deviendrait le premier « vertiport » européen. Entendez « aéroport à décollage vertical », puisque dévolu aux véhicules à décollage et atterrissage verticaux.

Mais il y a lutin et lutin. Un lutin à la tête dure et au cœur vert (il avait exigé que le fourrage des rennes soit bio) enleva son bonnet, s’approcha de son patron le Père Noël, et demanda respectueusement la parole. Ce qui lui fut bien sûr accordé. « Patron, commença-t-il, je comprends bien que si, au lieu des deux dimensions des rues, les Parisiens prennent les trois dimensions de l’air, il n’y aura plus d’embouteillages. Après tout, nous, nous n’en avons jamais vus dans le ciel.

– Exact, approuva, intrigué, le Père Noël.

– Mais, patron, si déjà les contrôleurs aériens ont du mal à gérer quelques centaines de vols par jour autour de Paris, comment feront-ils pour gérer 3 000, 5 000, 10 000 taxis volants ? En pleine période de réduction des services publics…

– Les…

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Auteur: Reporterre