La farce sinistre à 189 euros infligée à Yoann, invalide


Yoann montre ses différents relevés et avis de paiement sur son smartphone

Comment une revalorisation de onze euros mensuels sur une pension d’invalidité se traduit par une perte de revenus de 15 % d’un coup

C’est kafkaïen. Mais tout simple. Ça tient en deux chiffres. D’un côté : le chiffre 11. De l’autre : 189. D’un côté les 11 euros de revalorisation de sa pension, que Yoann s’est fait une joie de relever, à partir d’octobre dernier ; non sans un joli effet rétroactif depuis le mois d’avril précédent, contexte de pandémie oblige. Yoann, 51 ans, est invalide de catégorie 2. Alors qu’il touchait tous les mois une allocation de 1191 euros, voici qu’elle vient d’être revalorisée de 0,9 %. Comme tout le monde.

Dorénavant, Yoann percevra 1202 euros. Soit 11 % d’augmentation. C’est minime. Mais pas totalement négligeable, lorsqu’on verse 440 euros mensuels de loyer charges comprises, puis qu’il faut régler les factures, les abonnements. Et avec le restant, se nourrir, se vêtir, se déplacer, se distraire – ça non, quand même pas. Or ce mieux a vite fait de tourner au cauchemar. En janvier, Yoann constate qu’on ne lui a pas versé son allocation logement. 137 euros mensuels de perdus. Par ailleurs, on lui retient le versement de la CSG-CRDS, dont il était jusque-là exonéré. 52 euros à régler chaque mois. Total de cette perte, aggravée de cette nouvelle ponction : 189 euros mensuels.

Mais que s’est-il passé ? En fait rien de scandaleux. Aucun tripatouillage. Ni d’incompétence bureaucratique. Pas plus de bug informatique. Rien qu’une désastreuse banalité, dont les exemples ne sont pas rares. Dans son petit appartement joliment tenu, qu’animent les paresseuses déambulations de deux matous, Yoann a sorti son smartphone, pour nous montrer ses relevés, ses avis de paiement, ses courriers. Il s’est démené : « J’ai appelé la C.A.F., la C.P.A.M., c’est sûr qu’il faut être patient au moment d’appuyer sur étoile et sur dièze, mais on m’a répondu. Des gens courtois au téléphone. De vrais échanges, d’une vingtaine de minutes ».

Tout ça pour s’entendre répondre : « Non monsieur, il n’y a aucune erreur. Simplement l’application des règles. Impossible de faire la moindre exception. Désolés. Vous ne pouvez que vous retourner vers le législateur ou le gouvernement ». En effet, revalorisé de onze euros par mois, le revenu annuel de Yoann a crevé le plafond des 14 000 euros. Celui au-delà duquel il…

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Auteur: Le Poing