La fast fashion de Shein froidement accueillie à Lyon

Lyon (Rhône), reportage

« On est venu dévaliser Shein ! » Employée à Carrefour, Claudia est venue de Chambéry (Savoie) avec son amie Alexia pour l’ouverture d’une boutique éphémère de la plateforme de fast fashion à Lyon. Les deux jeunes femmes se sont levées à 5 h du matin pour faire la queue dès 8 h. Derrière elles, plus de 300 personnes attendent sous la pluie l’ouverture du magasin.

Pour Claudia, rémunérée au Smic, « l’argument choc, c’est leurs petits prix. C’est compliqué d’acheter des vêtements avec les coûts qui augmentent et ce qu’on gagne actuellement ». Commerciale dans le photovoltaïque, Shahinez, 29 ans, est elle aussi venue « chiner chez Shein », attirée par « les petits prix et les bonnes affaires ! »

Ces bonnes affaires ont un prix, mais ce ne sont pas les clients qui le payent. Pour renouveler rapidement ses collections sans augmenter le prix de ses vêtements, l’enseigne rogne sur les conditions de travail de ses employés. « Une salariée textile chez Shein gagne 18 euros pour ses 18 heures de travail quotidien, ce qui revient en moyenne à 2 centimes d’euros par rapport au vêtement qu’elle produit », reproche Marie Nguyen, cofondatrice de WeDressFair, une boutique lyonnaise de mode éthique.

Ces économies se répercutent aussi sur la faible qualité des habits produits… Au point d’affecter la santé des usagers : 15 % de ces vêtements contiendraient des polluants toxiques. L’incitation à la surconsommation de la marque est également nocive pour l’environnement. D’après l’Ademe, l’industrie de la mode émettrait chaque année 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit 2 % des émissions mondiales.

« « On va vers ce qui arrange le mieux notre poche »

Les clientes ont connaissance de ces conditions de travail précaires qui soulèvent un malaise et un dilemme : comment faire la balance entre conscience et portefeuille ? « Tout le monde dit “il faut boycotter Shein”, mais ça reste dans nos moyens. On ne peut pas se permettre d’acheter des ceintures ou des vestes Gucci tous les jours », dit Claudia.

« On va vers ce qui arrange le mieux notre poche », résume Shahinez, tout en plaidant que l’absence d’information sur les conditions de travail — malgré la documentation étayée de cette réalité — ne permet pas de faire un choix éclairé : « Il y a des on-dit, mais ce n’est peut-être pas vrai. Ça permettrait à beaucoup de personnes de ne plus acheter chez eux si on était mieux informés. » Lycéenne à Lyon, Aymie hésite : « On n’est pas sûr, on entend des rumeurs… » Sa copine Lou la coupe : « C’est de l’esclavage carrément ! Je crois qu’on devrait…

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Auteur: Reporterre