Ce texte est la version à peine modifiée d’une intervention prononcée lors de la soirée « 2005, Unir le peuple, du non au référendum et des émeutes / 2025, Faire bloc », Relais Pantin, 4 juin 2025. Suite à plusieurs articles publiés dans Contretemps, Frédéric Lordon poursuit ainsi le débat sur la façon dont la gauche doit chercher à reconstruire une unité des classes populaires, à partir de quels référents, et notamment à partir de quels usages de la nation et de la patrie. Tout en critiquant les faiblesses d’un internationalisme abstrait, il voit dans la sécurité sociale universelle le ferment de l’identité française, qu’il oppose aux affects d’extrême droite qui mobilisent l’identité nationale dans un sens conservateur.
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Traité constitutionnel européen, révolte des banlieues : deux séditions d’avec l’ordre dominant, selon deux lignes de fracture, deux mises en forme différentes… et une même annulation terminale : par la confiscation parlementaire dans un cas, par la répression policière dans l’autre. Deux séditions dont le rapprochement fait étonnamment sens à 20 ans de distance, puisqu’elles sont annonciatrices en creux d’une perspective stratégique : la dé-division des classes populaires – c’est-à-dire la clé de tous les basculements.
Le débat commence ici : selon quelle ligne envisager cette dé-division ? Quel doit en être l’opérateur ? On connait la réponse d’Houria Bouteldja : le levier stratégique de la constitution d’un bloc « Beaufs-Barbares », c’est le Frexit.
C’est une proposition qui me laisse sceptique. Encore faut-il que je précise les lieux de ce scepticisme – ce qui me permettra par différence d’indiquer mes lieux d’accord, et partant mes raisons d’être ici ce soir.
C’est peu dire que je me suis occupé des questions de l’euro et de la sortie de l’euro. Plus maintenant. Ou plus de la même manière. La question…
Auteur: redaction