La figure du vagabond en littérature

Abondamment traitée en littérature, la figure du vagabond fascine en ce qu’elle est, selon les auteurs, idéalisée, criminalisée, enjolivée ou utilisée comme miroir de l’engagement politique. À l’heure où la dimension sédentaire d’une vie « normale » a été pleinement assimilée par la majeure partie de la population, le mythe de l’âme errante offre une bouffée d’air frais et continue d’interroger sur les inégalités sociales qui minent toujours nos sociétés.

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En 1880, deux mois après sa sortie du bagne où elle a passé sept ans, Louise Michel se sent prise d’un désir soudain de tâter de l’écriture fictionnelle. Elle s’y essaie, remarquablement bien, avec son roman-fleuve, La Misère, dans lequel elle écrit : « Il vaudrait mieux que j’allasse prévenir la justice. Dans ce cas-là, dit avec amertume le jeune vagabond, vous trouverez des magistrats, mais vous ne trouverez pas la justice. »

En deux phrases, le décor est posé, celui d’une société inégalitaire où les luttes entre pauvres et riches, miséreux et privilégiés se jouent jusque devant les tribunaux. Évidemment, face à un juge, les vagabonds ne figurent pas dans le camp des mieux lotis. Au contraire, ils se trouvent dans celui dont la parole est bâillonnée. Comme l’explique bien le spécialiste de l’histoire économique et sociale de la France au XIXᵉ siècle et du vagabondage, Jean-François Wagniart :

Le plus souvent, le vagabond reste sans expression propre. Quand il répond, c’est pour se défendre ou pour se justifier et l’argumentation demeure pauvre dans plus de neuf cas sur dix. Devant le juge, il parle en réaction à des questions, à un interrogatoire préétabli. Entre monologue et dialogue, le juge canalise la parole et somme le vagabond de se justifier. Cette pression sur le prévenu est un des éléments…

Auteur : redaction
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