La fin du monde a déjà eu lieu

Léonor Franc, professeur de philosophie et écrivain habitué de nos pages, s’est lancé dans un nouvel exercice d’écriture : celui d’ajouter au flot d’alertes écologiques (éco, sign. oikos-maison et logis, sign. logos-discours), ses propres mots ; tentatives ultimes d’éveiller les dernières consciences sur le sort qui, surtout, ne nous attend pas, mais nous touche dores et déjà. Après la fin de la démocratie, voici la fin du monde. Edito.

Certes les montagnes et les océans demeurent… Mais qu’est-ce qu’un monde ? Pour qu’il y ait monde, il faut « faire monde ». Il faut assembler des morceaux, unifier du divers, donner un sens. La nature seule n’est pas un monde : elle est sans bornes ni centre, sans « théorie du tout » pour les physiciens, objet d’équations efficaces mais dénuées de pourquoi.

La nature n’est pas chaotique non plus : elle est, tout simplement. Ce sont aux êtres capables de penser le sens des choses qu’incombe la tâche de faire monde – aux humains, donc, ou du moins aux êtres conscients. Or les humains modernes font-ils encore monde ? Pour Hannah Arendt, la réponse est largement négative.

Hannah Arendt @Av Ryohei Noda.

Le consumérisme a détruit le monde

Le consumérisme a détruit le monde. L’objet de consommation étant par définition éphémère, il ne permet pas de stabiliser un sens, de façonner un monde où l’orientation des humains est possible. Un monde où tout devient consommable n’est plus un monde. Seuls les objets qui ont une « permanence », écrit Arendt, permettent « d’édifier un monde » (1).

Notre monde a disparu car, comme il est connu, nous sommes désormais entourés d’objets dont l’obsolescence est programmée. La machine à laver est programmée pour dysfonctionner au bout de quelques années, composée de pièces voulues non réparables. Un téléphone ou un ordinateur sont programmés pour bientôt buguer, ne plus être capables d’installer…

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Auteur: Sharon H.