La fin d'un mythe : la Russie, bouclier de l'Occident — Bruno GUIGUE

Parmi les analyses qui portent sur les relations entre la Russie et l’Occident, une interprétation fréquente consiste à a dire que l’acharnement mortifère de l’OTAN contre la Russie relève avant tout d’une déplorable erreur de calcul. En un mot, elle aurait eu pour effet pervers de repousser ce grand pays vers son espace asiatique et extrême-oriental, alors même qu’il ne demandait pas mieux, au lendemain de la chute de l’URSS, que de coopérer avec l’Ouest.

Autrement dit, la Russie avait l’ardent désir de rejoindre le concert des nations européennes, et c’est la politique à courte vue des Occidentaux qui l’en a empêchée, à son grand regret, tant était puissant le courant pro-occidental qui emportait le pays depuis le changement de régime survenu en 1991. Mais ce n’est pas tout. Les tenants de cette analyse estiment généralement, avec un dépit non dissimulé, que cette erreur stratégique a privé l’Occident d’un allié de poids face à la montée inexorable d’une puissance chinoise plus menaçante que jamais.

Je ne partage pas cette vision des choses, et pour deux raisons.

D’abord, parce que la Russie de Vladimir Poutine ne s’est jamais fait d’illusion sur la capacité des Occidentaux à tolérer un autre pôle de puissance, concurrent du leur, susceptible de peser un tant soit peu dans l’espace européen. Que Moscou ait fait preuve d’une interminable patience face aux violations répétées, par les Occidentaux, des engagements pris auprès de Mikhaïl Gorbatchev en 1991, ne signifie pas que les dirigeants russes, à partir de l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, aient nourri le moindre espoir de voir la Russie reconnue et respectée par ses « partenaires ».

De ce point de vue, l’incroyable forfaiture du bombardement de la Serbie sous de faux prétextes humanitaires, en 1999, avait eu des vertus pédagogiques suffisantes. Déniaisant au passage les libéraux et autres pro-occidentaux les plus candides, elle eut tôt fait de convaincre la grande majorité des Russes quant à la véritable nature du « partenariat » avec l’Occident. Car cette agression illégale fit la démonstration qu’un pays européen pouvait subir de la part de l’OTAN les mêmes violences que celles que l’hyperpuissance étasunienne, dans l’atmosphère apocalyptique du « moment unipolaire », infligeait sans états d’âmes aux nations souveraines du Moyen-Orient.

La deuxième raison pour laquelle la vision des relations russo-occidentales précitée me paraît faire fausse route, c’est…

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Auteur: Bruno GUIGUE Le grand soir