La force intérieure de Maryse Wolinski

Éditorial de janvier 2022

Écrivaine de l’intime, de l’amour et du couple, Maryse Wolinski a disparu deux semaines avant Noël dans une relative discrétion médiatique. Son œuvre avait pris une dimension tragique après l’assassinat de son époux dans l’attentat contre Charlie Hebdo, il y a tout juste sept ans.

Née en 1943 à Alger dans une famille catholique conservatrice, franc-maçonne ayant consacré un ouvrage à Edith Stein, féministe partageant la vie d’un dessinateur soixante-huitard grivois et bon-vivant, occasionnellement parolière pour Diane Tell et collaboratrice de Jean-Claude Carrière, Maryse Wolinski était une auteure plurielle au parcours joliment fantasque. 

Dans les années 1990, elle avait adressé une Lettre ouverte aux hommes qui n’ont toujours rien compris aux femmes (Albin Michel), comme un avertissement aux baby-boomers qui se satisferaient des avancées du féminisme obtenues dans leur jeunesse. Son propre couple et ceux de cette génération – pionnière dans l’exercice d’une certaine liberté – nourrissaient ses réflexions, non seulement pour cette Lettre ouverte, mais aussi pour la création d’une importante œuvre de fiction et d’autofiction. 

En 2011, elle avait publié Georges, si tu savais… (Seuil), introspection sur sa longue vie commune avec le célèbre dessinateur qui signait ses œuvres de son seul nom de famille, Wolinski. À propos de ce vrai-faux macho devant l’Éternel, elle expliquait : « Wolinski adore les femmes, et son regard sur elles n’a pas changé avec l’âge ; Georges aime sa femme et est en effet un amoureux ». Dans cet ouvrage, Maryse Wolinski comparait la construction d’un couple à l’édification d’une cathédrale, elle y explorait les angoisses de l’homme et de la femme face au vieillissement des corps et aux affres de la libido. Autant de réflexions qui – elle l’ignorait bien sûr – allaient se trouver très rapidement balayées d’une rafale de fusil d’assaut.

La rupture du 7 janvier 2015

En janvier 2016, un an après l’assassinat de son mari, Maryse Wolinski a publié Chérie, je vais à Charlie (Seuil), titre à la fois léger comme un « à tout à l’heure » et grave comme un adieu. Le livre revenait sur ce 7 janvier qui, même dans sa normalité, s’annonçait comme une rupture ; la visite d’un nouvel appartement était prévue l’après-midi, en préambule d’un déménagement non-désiré. Entre colère et chagrin, l’auteure racontait Charlie Hebdo et Georges Wolinski, elle…

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Auteur: Pierre Bonnay