La forêt marécageuse de Hlanzoun, au Bénin, un joyau en danger

Vincent Romera est écologue, spécialisé en ornithologie, et photographe. Depuis 2018, il travaille pour l’organisation de solidarité internationale Humy, qui intervient sur des questions de développement communautaire en lien avec la protection de l’environnement dans la zone intertropicale — Madagascar, Burkina Faso, Bénin, Indonésie, Cambodge et Colombie. À cet effet, il a passé quatre mois dans la forêt marécageuse de Hlanzoun, au Bénin, d’avril à août 2021.


Reporterre — Pourquoi cet intérêt pour la forêt de Hlanzoun, au Bénin ?

Vincent Romera — Hlanzoun est une magnifique forêt marécageuse, désormais unique dans cette zone d’Afrique de l’Ouest. Elle est aussi emblématique de la disparition de plus en plus rapide des forêts naturelles africaines, devenues avec la modernité technique des objets de prédations diverses. J’ai pu m’en rendre compte sur place au printemps 2021, lorsque j’ai été chargé par Humy, avec Abdou-Chérifou Ikoukomon de l’ONG Ecodec Bénin, d’évaluer son état et de réaliser un inventaire de sa faune.

L’Alstonia congensis est l’essence d’arbre la plus caractéristique des forêts marécageuses. C’est un arbre dit à contreforts, qui présente des enchevêtrements de racines très esthétiques. © Vincent Romera

Qu’entendez-vous par « magnifique » ?

Lorsque l’on pénètre au cœur de cette forêt, on est d’emblée saisi par sa beauté et son étrange atmosphère. Comme elle est traversée par un cours d’eau permanent, le Hlan, on y circule quasi exclusivement en pirogue — si vous décidez d’y aller à pied, vous risquez de vous retrouver avec de l’eau jusqu’à la taille, voire plus. Pour la partie la mieux conservée, qui présente des habitats naturels typiques, il faut s’imaginer des arbres pouvant dépasser les 30 mètres de hauteur, adaptés à des sols gorgés d’eau et de nature instable, tel l’Alstonia congensis, un « arbre à contreforts » qui offre souvent au regard de belles drapées de racines.

Comme souvent en forêt tropicale humide, le niveau sonore est élevé. En journée, les chants des oiseaux se mêlent à ceux des amphibiens et de divers insectes, auxquels s’ajoutent les cris stridents des singes. Cet émouvant concert se déroule au sein d’une atmosphère très sensorielle, avec un taux d’humidité élevé (80 à 95 %), une température supérieure à 30 °C et de forts parfums, liés à la grande quantité de matière organique en décomposition dans le sol.

« Dans la forêt de Hlanzoun,…

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Auteur: Catherine Marin Reporterre