Il ne fait pas bon parler de limitations en ces temps où nos libertés, même les plus essentielles, sont mises à rude épreuve : et pourtant, le cadre des limites planétaires n’a jamais été aussi pertinent pour comprendre comment nos activités mettent en péril la stabilité des écosystèmes… et risquent de plonger nos sociétés dans des bouleversements en chaîne, irréversibles. Dont le Covid-19 est le signal faible ? Plongée dans un voyage au cœur des processus qui conditionnent l’équilibre du système-Terre. Un article d’Anne-Louise Nègre.
À l’instar de l’ensemble du vivant, nos corps possèdent leurs propres limites : ils ne peuvent courir à 100 km/h ou assimiler une quantité illimitée de calories sans que le métabolisme dysfonctionne — ou n’en meure. À l’échelle planétaire, nos écosystèmes aussi ont des limites à partir desquelles ils ne peuvent plus assurer leur équilibre.
© Illustration des limites planétaires par l’ONG Ex Naturea
Théorisé en 2009 par 26 chercheurs internationaux, dont Johan Rockström et Will Steffen du Stockholm Resilience Center, les limites planétaires (« planetary boundaries ») recouvrent les principaux processus qui régulent la vie sur Terre : le climat, la biodiversité, les cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, l’acidification des océans, l’occupation des sols, l’utilisation de l’eau, l’ozone stratosphérique, la présence d’aérosols dans l’atmosphère et celle d’entités nouvelles dans la biosphère.
Pour chacun de ces processus, des seuils à ne pas dépasser ont été établis afin de garantir l’équilibre de la Terre, envisagée ici comme un ensemble de systèmes interdépendants.
Tous ces processus sont intimement liés et en interaction. Par exemple, le changement d’occupation des sols a des effets sur tous les autres processus.
La déforestation au profit de l’agriculture intensive et de l’urbanisation déstabilise les cycles biogéochimiques : elle réduit les quantités de dioxyde de carbone (CO2) naturellement absorbées et stockées par les forêts, ce qui a un impact indirect sur l’acidification des océans.
En même temps, la déforestation contribue à l’érosion de la biodiversité et altère le cycle de l’eau, rendant les forêts plus vulnérables aux incendies, qui en retour contribuent au dérèglement climatique en libérant dans l’atmosphère des quantités massives de CO2, qui elles-mêmes accentuent les sécheresses et l’érosion de la…
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Auteur: La Relève et La Peste