La gauche, meilleure alliée de l’extrême droite

TRIBUNE – À la suite des élections européennes et du premier tour des législatives, le journaliste Philippe Foussier observe la reconfiguration des partis politiques. Pour lui, l’abandon, par une partie de la gauche, de la ligne universaliste, sociale et laïque est une stratégie perdante qui fait le jeu de l’extrême droite.


La scène se déroule quelques petites semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2002. Le comité de campagne de Lionel Jospin est réuni à Paris quand l’un de ses membres les plus éminents, Pierre Mauroy, sentant se vérifier le décrochage de l’électorat populaire, alerte ses camarades et surtout le candidat : « Il faut utiliser les mots de travailleurs, d’ouvriers ou d’employés, ce ne sont pas des gros mots ! La classe ouvrière existe toujours ». Puis le 21 avril confirma le pressentiment de l’élu nordiste : la gauche fut éliminée du second tour au bénéfice de l’extrême droite. Une première fois et hélas pas la dernière, preuve sans doute que peu de leçons ont été tirées de cet événement.

Il y a 22 ans, il aurait pourtant été loisible à la gauche d’analyser cette réalité et de s’efforcer d’en enrayer la logique. Tout au contraire, elle a appliqué consciencieusement ce qu’une note de la très distinguée Fondation Terra Nova a théorisé en 2011 (Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ?). Y sont inscrits tous les ingrédients qui ont mobilisé la gauche depuis deux décennies : « la fin de la coalition ouvrière » au profit d’une nouvelle majorité composée de quatre grands groupes : les diplômés ; les jeunes ; les minorités et les quartiers populaires ; les femmes. On ne s’étonnera pas que ce qui était déjà en germe depuis la fin du XXe siècle connaisse une progression foudroyante : le sociétal en lieu et place du social, l’écriture inclusive et les méga-bassines plutôt que les conditions de…

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Auteur: voixdelhexagone