La gauche radicale grecque à la recherche d’une alternative unitaire à Syriza

La capitulation de Syriza face à la Troïka en juillet-août 2015 continue de peser sur la gauche radicale grecque. A l’approche des élections législatives du printemps prochain, elle se doit de sortir de l’impasse et créer une alternative au régime néolibéral de choc imposé au pays depuis plus d’une décennie.

Dans ce texte, initialement publié en grec, puis dans Jacobin, Stathis Kouvélakis et Costas Lapavitsas plaident pour un rassemblement des forces qui tiendrait compte du tournant à gauche de MeRA25, le mouvement créé par Yanis Varoufakis, qui avait réussi de justesse son entrée au parlement lors des élections de 2019.

*

La Grèce, un laboratoire du néolibéralisme radicalisé

La trajectoire politique suivie par la Grèce depuis 2010 a été très particulière, peut-être même unique, au niveau mondial. Dans les divers gouvernements qui ont vu le jour au cours de cette période ont siégé des partis issus de la quasi-totalité du spectre politique, allant de l’extrême droite du LAOS à la « gauche radicale » de Syriza. Pourtant, malgré cette diversité, les gouvernements successifs ont rigoureusement appliqué les mêmes politiques, dictées par les trois mémorandums signés avec les prêteurs du pays, et conçus par la tristement célèbre Troïka (Commission européenne, FMI, Banque centrale européenne). 

La seule rupture politique qui s’est produite était exactement l’inverse de celle réclamée par les impétueuses mobilisations populaires de 2010-2015. Le OXI (Non) aux plans d’austérité du peuple grec lors du référendum de juillet 2015, a été transformé en « Oui » par le gouvernement Syriza de l’époque, qui, suite à cette volte-face, a consolidé le régime néolibéral qu’il s’était auparavant engagé à liquider.

Les conséquences de cette capitulation ont donné raison aux prédictions de ceux qui avaient résisté aux diktats de la Troïka et à la dégringolade politique de Syriza.

Malgré la reprise limitée de ces deux dernières années, le PIB de la Grèce est désormais inférieur d’au moins 20 % à son niveau d’avant la crise, une perte qui ne sera pas couverte avant de nombreuses années. La dette publique est énorme (près de 180 % du PIB en 2022), plus importante que celle qui a justifié le recours aux programmes austéritaires, et elle continue d’augmenter en valeur monétaire. Selon Eurostat, les salaires grecs sont les quatrièmes plus bas de l’UE. La pauvreté est désormais bien ancrée dans de larges couches sociales, avec 26% de la…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction