La gauche sera écologiste ou disparaîtra

À l’orée d’une année qui va engager le pays pour cinq ans, il serait facile de déplorer l’éclatement de la gauche, la faible capacité de l’écologie à s’imposer dans le débat politique, le caractère apparemment inexorable des politiques de droite autoritaire ou extrême. On pourrait se contenter d’expliquer cette situation par le matraquage médiatique orchestré par des medias massivement contrôlé par les ultra-riches ; et rappeler que la trahison par les sociaux-démocrates des intérêts populaires a contribué à dégoûter ouvriers, employés et chômeurs de la « gauche » dans son ensemble.

Mais ces constats convenus – ce qui ne signifie pas qu’ils sont faux – passent à côté d’une raison majeure de l’impuissance de la gauche : elle n’a pas encore achevé le travail d’intégration de la question écologique dans son analyse, dans son programme, dans sa culture.

Ce qu’on appelle « la gauche » s’est constituée au début du XIXe siècle en recueillant les idéaux de la Révolution française puis en y intégrant l’exigence d’un sort moins misérable pour les travailleurs. Elle est devenue l’expression de la classe ouvrière et a trouvé son identité politique dans la revendication de la justice sociale.

En chemin, la gauche s’est appropriée l’idée que l’augmentation globale de la production matérielle était un progrès. Il ne restait, au fond, qu’à régler la question de la répartition des richesses. Mais en matière de productivisme, le capitalisme a de loin dépassé son challenger prétendument communiste, qui s’effondra en 1991. Le capitalisme, sans rien changer aux rapports de propriété, avait su faire émerger une importante classe moyenne, qui trouve dans le confort matériel une raison suffisante de supporter voire de soutenir l’oligarchie.

À partir des années 1980, l’inégalité recommença à croître fortement, quoique sans abaisser significativement le niveau de vie des classes moyennes. Et les partis socio-démocrates, qui avaient pris l’ascendant sur les partis communistes déconsidérés par leur soutien à l’URSS, se rallièrent au capitalisme. Ils se concentrèrent sur la conquête des classes moyennes en abandonnant la masse pourtant toujours considérable des « petites gens ».

Mais un mouvement d’idées a commencé à semer le trouble. Il s’appuyait sur le constat scientifique que l’augmentation continue de la production matérielle – ce que l’on appelle la croissance – met en danger les conditions d’équilibre de la…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre