Des sangliers envahissent Brest, détournent un tramway, bloquent les axes routiers. Le lieutenant Lionel se shoote aux médocs. Des écolos radicaux équipés d’arbalètes attaquent les CRS en plein centre-ville.
Damiens Meaudre déploie, dans un roman à paraître au mois d’octobre, une fiction dans laquelle les rapports de force s’inversent, à la faveur de toutes nouvelles alliances entre espèces. Ça s’appelle La Grande Souille.
Lionel
Qu’est-ce qu’il en avait à foutre de leurs rêves à la con ? Si les flics se mettaient à raconter dans le commissariat central ce qui leur passait par la tête quand ils étaient au pieu, tout foutait le camp. Lui aussi était passé par là. Deux ans auparavant, comme les autres, il s’était mis à se souvenir parfaitement de toutes ces saloperies de rêves qu’il faisait la nuit. Au fil des mois, ces histoires sans queue ni tête avaient commencé à le marquer de plus en plus sérieusement au réveil. Qu’est-ce qu’il en avait à foutre d’avoir pris la peau de saletés de rongeurs ? C’était une vraie kermesse dans son crâne : souris, rats, écureuils, chiens de prairies, porcs-épics, même un castor une fois. Des conneries, tout ça. L’écusson de leur brigade était le serpent à lunettes, il ne fallait pas l’oublier. Mais cette saloperie de peur s’était progressivement immiscée en lui, alors qu’il n’était plus un gamin depuis belle lurette. Et quand il se faisait canarder à la kalachnikov dans une course poursuite la nuit, ce n’était pas dans sa tête, c’était là, dehors. Il risquait réellement sa peau et celle des autres de la brigade.
Fred, le benjamin de son équipe, avait été déçu en découvrant au fil des mois, que les arrestations musclées de la BAC ne faisaient plus la une des journaux. C’était le monde à l’envers. Les magazines faisaient leur putain de buzz autour de ces délires de rêves symboliques, de rêves physiologiques, de rêves libidinaux. Que des conneries. A cause de tout ça, toute l’équipe était affectée. Michèle buvait encore plus qu’avant et José était toujours rivé sur son smartphone à multiplier les conquêtes d’un soir, il allait finir par choper des MST, ce couillon.
Quant à lui, il avait rapidement sollicité l’aide d’une médecin complaisante. Elle lui avait bricolé un cocktail de médicaments pour ne plus être emmerdé pendant son sommeil. Ça faisait huit mois que Lionel le prenait scrupuleusement et ça marchait du tonnerre de Dieu. La docteure Corvisard était une poivrote notoire…
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Auteur: lundimatin