La grève des médecins libéraux est-elle vraiment légitime ?

Une grève a commencé aujourd’hui, mais son traitement médiatique change totalement de l’ordinaire : pas de micro-trottoir d’usagers excédés, pas d’éditocrates donneurs de leçons, et une documentation pédagogique, par les médias, de ses motifs : Le Figaro a fait une belle vidéo qui donne la parole à la profession, sans contradiction, BFMTV un reportage complaisant, toujours sans contradiction, tandis que France info relaie les revendications des médecins libéraux sans donner la parole aux patients, qui ont pourtant déjà du mal, en temps normal, à obtenir un rendez-vous. Une grève sans « prise d’otage » ? ça alors ! Il faut dire que ce ne sont pas de vulgaires cheminots, des emmerdeurs de profs ou des ouvriers privilégiés de raffineries qui sont en grève, mais de respectables médecins libéraux. Et puisque nos journalistes sont majoritairement issus du même milieu que les médecins, la petite bourgeoisie, alors ils ont, pour une fois, un réel sens de l’empathie pour les raisons de la grève. C’est d’autant plus gênant que, ce coup-ci, la grille de lecture médiatique apportée habituellement à une grève – un groupe professionnel privilégié qui se bat avant tout pour sa corporation – aurait une certaine pertinence. 

1 – Revenus très élevés, milieu privilégié mais horaires à rallonge : qui sont les médecins libéraux ?

La médecine libérale regroupe les praticiens, spécialistes comme généralistes, qui travaillent dans le secteur privé. Ils sont conventionnés par la sécurité sociale pour obtenir le remboursement aux patients des soins qu’ils délivrent et ainsi disposer d’une clientèle solvable. Sur 226 000 médecins en 2018, les libéraux représentent 57% des médecins exerçant dans tout le pays. La santé publique repose donc en grande partie sur eux.

Le conventionnement avec la sécurité sociale se fait soit en « secteur 1 », c’est-à-dire avec des honoraires conformes au tarif fixé par la sécurité sociale (25€ la consultation chez un médecin généraliste), soit en « secteur 2 », où les honoraires sont choisis par le médecin tandis que la sécurité sociale ne rembourse que son propre tarif, le reste à charge étant réglé par le patient ou sa complémentaire, si elle prévoit ce cas de figure. Un quart des médecins pratiquent le dépassement d’honoraires en “secteur 2” : en 2015, c’était le cas de 44% des spécialistes et 8,5% des généralistes, et cette proportion ne cesse d’augmenter. 

En moyenne, en 2017, les médecins…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag