La Guadeloupe vue depuis TF1 : le journalisme de préfecture au beau fixe

Depuis la mi-novembre la Guadeloupe connaît un mouvement social dont l’élément déclencheur fut une contestation du pass sanitaire et de l’obligation vaccinale des soignants, mais dont les ressorts plus profonds résident dans un ensemble de difficultés et d’inégalités économiques et sociales enracinées historiquement. Il a fait l’objet d’une large couverture médiatique sur TF1 avec un point culminant le week-end du 20 novembre 2021 marqué par la mise en place du couvre-feu et par « les pillages et les violences ». Un traitement médiatique pour le moins caricatural et calé sur l’agenda du gouvernement.

Entre le 16 et le 28 novembre 2021, le mouvement social en Guadeloupe a fait l’objet d’une vingtaine de reportages et duplex dans les JT de TF1. Comme souvent lors de mouvements sociaux, les revendications ont été reléguées en marge des reportages et circonscrites à des micro-trottoirs tandis que les « violences » et les « débordements » ont occupé le devant de la scène. Le traitement médiatique de TF1 s’intensifie d’ailleurs à partir du 19 novembre, date des premières nuits de violence et de l’annonce du gouvernement d’envoyer 200 policiers et gendarmes de la métropole, en renfort.

Extrait d’un reportage, 19/11

Les anti-pass sanitaire ont mis le feu pour exprimer leur colère. Dans le centre-ville de Pointe-à-Pitre, quatre immeubles sont partis en fumée. Tout autour de la ville, des carcasses de voitures sont incendiées et servent à bloquer les routes. Ces groupes d’activistes qui manifestent contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale des pompiers et des soignants sont de plus en plus violents. (…) Au CHU de Pointe-à-Pitre, la mobilisation se durcit. 12% du personnel, tous non-vaccinés, a été suspendu. Les grévistes ne laissent passer que les ambulances. Pour rétablir au plus vite la situation, le gouvernement a annoncé l’envoi de 200 gendarmes et policiers en renfort.

Avec un tel cadrage, la mise en place du couvre-feu par le Préfet apparaît dans les reportages comme parfaitement légitime et « naturelle ». Seule réserve avancée : son inefficacité… Le 20 novembre, trois reportages sont consacrés au mouvement social guadeloupéen, les revendications sont occultées tandis que les violences occupent l’antenne :

« Pillages et violences en Guadeloupe : le couvre-feu pour l’instant inefficace »
Malgré le couvre-feu instauré la veille entre 18h et 05h, une vingtaine de boutiques ont été vandalisées, notamment des bijouteries et des…

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Auteur: Sophie Eustache Acrimed