La guerre de la mémoire

Comme le raconte ci-dessous Paolo Persichetti dans un récit traduit de son blog Insorgenze, une perquisition a eu lieu le 8 juin à son domicile, à l’initiative du Procureur de la République de Rome, au cours de laquelle lui ont été confisqués toutes ses archives, ordinateurs, matériels électroniques. Cela dans le cadre d’une enquête aux contours très flous, qui amalgame le travail de cet historien reconnu des luttes armées italiennes des années 70-80, dont il fut un protagoniste, à une fantomatique conspiration terroriste qui n’a visiblement d’existence que dans l’imagination des magistrats. C’est une attaque sans guère de précédent (hormis durant la période fasciste) contre la liberté de la recherche, qui a provoqué la pétition de chercheurs que nous publions à la suite.

La manière dont la classe dirigeante italienne ne cesse de ressusciter le fantôme du « terrorisme » domestique pour tenter de le tuer enfin définitivement se retourne et se retournera toujours contre elle. Cette obstination à vouloir imposer une vérité officielle sur une période révolue ne peut qu’attirer l’attention des esprits critiques, soucieux de distinguer entre un extraordinaire élan révolutionnaire de masse et les erreurs meurtrières de certaines organisations, entre ces dernières et les violences massives de l’Etat et des forces réactionnaires. Quoi que fassent les chiens de garde de la magistrature, de la politique et des médias, la connaissance historique critique finira par forcer les portes blindées de la raison d’Etat et de la politicaillerie électorale.

La bataille qui se mène là n’est d’ailleurs pas étrangère à une autre, dont l’urgence devient chaque jour plus vitale, au 19e jour de la grève de la faim de Cesare Battisti.

Si faire de l’histoire est un crime

Paolo Persichetti

La libre recherche historique est maintenant devenue un délit. Pour le parquet de Rome, je serais coupable de divulgation de matériel réservé acquis ou élaboré par la Commission parlementaire d’enquête sur l’enlèvement et le meurtre d’Aldo Moro. Pour cette raison, mardi 8 juin, après avoir laissé mes enfants à l’école, peu après neuf heures du matin, j’ai été arrêté par une équipe de la Digos (équivalent de la DGSI – N.d.T.) et raccompagné jusqu’à mon logement, où m’attendaient d’autres agents appartenant à trois différents corps de police de l’Etat : Direction centrale de la police de prévention, Digos et Police postale. J’ai compté au total huit hommes et deux…

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Auteur: lundimatin