La guerre de l'attention, comment ne pas la perdre

Alors que depuis des années les organismes institutionnels, médiathèques publiques en premier lieu, s’appliquent à ringardiser le livre sur papier pour mieux imposer la lecture sur écran, dire tout d’abord que c’est d’un livre sur papier dont nous parlons ici. C’est que le lecteur d’aujourd’hui semble le préférer encore, même s’il avale sa part digitale journalière comme la plupart d’entre nous. Mais les politiques menées à grande échelle se font au service des grandes entreprises, où elles puisent leur inspiration, la société dans son ensemble est à l’évidence privatisée en esprit pour l’essentielle.

Comme il est dit dans l’introduction de cet ouvrage : un livre libère l’attention, le lecteur choisit le moment et le passage, de rêver ou de s’ennuyer, d’apprendre, il mémorise parce qu’il pratique une lecture vivante. Par sa serviable neutralité, l’objet-livre respecte son lecteur ; l’écran du smartphone, quant à lui, avale son attention avec un surcroît d’efficacité, son rôle et son effet sont avant tout d’influencer, de vendre, de fasciner. On voit bien que ces différences ne sont pas de forme, mais de nature. Le processus de leur fabrication comme leur finalité ne sont pas comparables.

On se souvient qu’en 1998, sous le gouvernement socialiste dirigé par Lionel Jospin, fut signé un accord avec Bill Gates qui, selon le journal Libération, livrait la France à Microsoft . L’éducation, la recherche, la formation, la réglementation allait désormais dépendre des directions données par une multinationale.

Avec les ministres de l’Éducation successifs, tous dopés à l’« ordre ordinateur » , le numérique ne pouvait qu’avancer à grands pas ; avec Jean-Michel Blanquer il devient le vecteur principal, quasi le substitut à la personne humaine. «  En effet, [Jean-Michel Blanquer] ne se contente pas d’avancer dans le sens du progrès et joue un rôle de promoteur enthousiaste au sein de la ‘‘start up nation’’. Pour lui, les neurosciences et l’informatique permettront à l’enseignement d’entrer pleinement dans le xxie siècle. »  Les enfants sont explicitement considérés comme de super ordinateurs qu’il faut abreuver avec les données nécessaires.

Cependant les pays qui ont le plus misé sur ces technologies de l’information et de la communication n’obtiennent pas de meilleurs résultats dans les écoles. Une enquête PISA signale même au contraire que ce sont ceux-là qui ont les plus mauvais classements en termes de…

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Auteur: lundimatin