La guerre en Ukraine enterre le mythe du nucléaire « civil »

Ce serait drôle si ce n’était pas effroyable. Au début du mois de février, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, la Commission européenne a consacré l’électricité nucléaire comme « énergie verte ». Et depuis début mars, toute l’Europe retient son souffle en pensant aux quinze réacteurs ukrainiens aujourd’hui situés en pleine zone de guerre. Il ne s’est pas écoulé un mois depuis la labellisation, obtenue sous la pression française, pour que cette « énergie verte » ne fasse redouter une catastrophe écologique à l’échelle du continent. Décidément, les labels ne sont pas fiables.

Dans un article intitulé « Réacteurs nucléaires en zone de guerre ? Un nouveau type d’arme », Rodney Ewing, professeur de sûreté nucléaire au Center for International Security and Cooperation de l’université de Stanford, rappelle quelques faits : un réacteur nucléaire (la centrale ukrainienne de Zaporijia touchée par bombardement russe en compte six) contient un stock de produits de fission radioactifs bien supérieur à celui que produit une arme comme la bombe A d’Hiroshima.

« Une bombe environnementale »

Bien sûr, « un réacteur n’est pas une bombe nucléaire », au sens où il n’est pas conçu pour tuer des centaines de milliers de personnes par effet de souffle. Mais « libérer les combustibles hautement radioactifs d’un réacteur équivaut à créer une bombe environnementale ». Même le plutonium et l’uranium irradiés stockés dans les piscines des centrales après avoir été utilisés dans les réacteurs « constituent un danger immédiat pour les personnes et une menace de très longue durée pour l’environnement — nécessitant des zones d’exclusion à l’échelle de milliers de kilomètres carrés ». Le professeur de sûreté nucléaire précise : « À une distance d’un mètre, une personne exposée à des combustibles nucléaires usagés (retirés d’un réacteur depuis un an) recevra une dose létale en moins d’une minute. »

Le raisonnement qui en découle est simple. Si l’Ukraine abrite quinze réacteurs nucléaires, la France, pour une superficie équivalente, en compte 56. Mais ces centrales ne sont que la partie émergée de l’infrastructure atomique de notre pays : on recense sur le territoire 175 installations nucléaires de base : usines d’enrichissement d’uranium, laboratoires, usines de traitement de combustibles irradiés, stockage de déchets, etc. En temps de paix, veiller à la sécurité de ces sites est déjà…

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Auteur: Celia Izoard Reporterre