La guerre en Ukraine et le conflit de classe dans l’espace post-soviétique

Dans cet article, le chercheur ukrainien Volodymyr Ishchenko analyse l’invasion de l’Ukraine et, plus largement, les conflits qui secouent l’espace post-soviétique dans une perspective de classe. Il propose le concept de « capitalisme politique » pour caractériser la configuration socio-économique de la Russie actuelle mais aussi celle de l’ensemble des Etats issus de la désintégration de l’URSS.

Dans cette perspective, ce sont les intérêts et conflits de classe propres à ce type de capitalisme qui rendent compte à la fois de la décision du déclenchement de la guerre en Ukraine, du projet d’intégration occidentale poursuivi par le régime ukrainien et certains Etats post-soviétiques avec l’appui de fractions capitalistes et des classes moyennes éduquées, qui s’affirment comme un acteur clé de la scène politique de cette aire.

Cette configuration reste pourtant hautement instable, aucun bloc n’étant en mesure de résoudre la crise d’hégémonie prolongée qui marque ces régimes. La guerre en Ukraine exacerbe ces contradictions, tant à l’intérieur de la Russie qu’à l’extérieur, ouvrant peut-être un espace pour l’intervention des classes subalternes.

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Depuis que les forces russes ont envahi l’Ukraine au début de l’année, les analystes situés sur l’ensemble du spectre politique se sont efforcés d’identifier exactement qui, ou ce qui nous a conduit à cette issue. Des expressions comme « la Russie », « l’Ukraine », « l’Occident » ou « le Sud » ont été utilisées comme si elles désignaient des acteurs politiques unifiés. Même à gauche, les déclarations de Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, Joe Biden et d’autres chefs d’Etat sur les « préoccupations sécuritaires », l’« autodétermination », le « choix civilisationnel », la « souveraineté », l’ « impérialisme » ou l’« anti-impérialisme » sont souvent prises pour argent comptant, comme si elles représentaient des intérêts nationaux cohérents.

Le débat sur les intérêts de la Russie – ou, plus précisément, de la clique dirigeante russe – dans le lancement de la guerre tend à se polariser autour de positions extrêmes discutables. Beaucoup prennent les propos de Poutine au pied de la lettre, sans même se demander si son obsession pour l’expansion de l’OTAN ou son insistance à considérer que les Ukrainiens et les Russes constituent « un seul peuple » représentent des « intérêts nationaux » russes ou s’ils sont partagés par la société…

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Auteur: redaction