La guerre en Ukraine menace les négociations climatiques

C’est une évidence qu’il n’est pas inutile de rappeler. À l’échelle internationale, nous avons besoin de paix et de concorde entre les différents pays pour résoudre la crise climatique. Ce fragile équilibre a volé en éclat avec la guerre en Ukraine. Depuis deux semaines, nous avons plongé dans une nouvelle ère, pleine d’incertitudes, où le front climatique pourrait être marginalisé au profit des opérations militaires. Alors qu’un dirigeant autocrate brandit l’arme nucléaire et menace ses voisins, comment peut-on imaginer tendre paisiblement vers un monde écologique à +1,5 °C ?

Chez les écologistes et les scientifiques, la crainte est grande. Comme le rappelle à Reporterre Jean Jouzel, climatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), « il faut de la solidarité et de la confiance pour parvenir à prendre la mesure du réchauffement climatique. Tout le monde doit regarder dans la même direction. Les périodes de tension et de guerre sont, par essence, défavorables à la lutte contre le réchauffement climatique ».

Pour Clément Sénéchal, de Greenpeace, « pacifisme et écologie sont les deux facettes d’une même médaille ». Cette aspiration est gravée jusque dans le nom de son association, qui signifie « paix verte ». Dès ses origines, dans les années 1970, ses militants luttaient contre les essais nucléaires militaires avec cette idée qu’« il existerait, au-delà des nations, une humanité commune qui se partagerait un environnement commun ».

« Le but de l’action climatique, c’est de préserver la vie, pas de la détruire »

La guerre vient battre en brèche cette belle espérance. Elle pousse au repli. « Alors que l’action climatique exigerait aujourd’hui une réelle culture du dialogue et des réponses coordonnées de la part des États », souligne Clément Sénéchal. Au cours des négociations climatiques, il s’agit rien de moins que de planifier, à l’échelle de la planète, la mobilisation et la répartition des ressources, de la manière la plus consensuelle. « C’est forcément en contradiction avec une situation de guerre où ces ressources sont concentrées vers des enjeux de survie et des calculs géopolitiques nationalistes, poursuit le porte-parole de Greenpeace. Le but de l’action climatique, c’est de préserver la vie, pas de la détruire. » 

« Le nouveau régime climatique », comme l’appelle le philosophe Bruno Latour,, avec son art de la diplomatie, a du plomb dans l’aile….

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre