La guerre en Ukraine prouve l'échec de la dissuasion nucléaire

Jean-Marie Matagne est agrégé de philosophie, docteur d’État et président d’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN). Il a été candidat à l’élection présidentielle de 2002 pour la sortie du nucléaire militaire et civil, et de 2022, pour une France démocratique et conviviale dans un monde en paix, décarboné, dénucléarisé, démilitarisé.


La guerre que Vladimir Poutine a déclarée le 24 février 2022 à l’Ukraine et, de fait, à l’Europe, n’étonnera que ceux qui se sont voilé la face et bouché les oreilles depuis des décennies. Et qui continuent à le faire.

Si les dirigeants français avaient entendu les appels qui n’ont cessé de leur être lancés depuis trente-six ans, depuis l’appel de Mikhaïl Gorbatchev en janvier 1986 : « Plus aucune arme nucléaire d’ici l’an 2000 ! », le monde serait probablement déjà exempt d’armes nucléaires, ou sur le point de l’être, et nous n’aurions pas aujourd’hui une guerre d’invasion aux portes de l’Europe.

Car, malgré les assertions des adeptes de la « dissuasion nucléaire », les armes nucléaires, loin d’empêcher la guerre, la favorisent. Depuis 1945, elles ne l’ont pas empêché de proliférer et de faire au total davantage de victimes que la Première Guerre mondiale. Elles ont en revanche failli à plusieurs reprises provoquer une troisième guerre mondiale, nucléaire celle-là : en 1953 (avec la guerre de Corée), en 1956 (avec l’affaire de Suez et l’invasion de la Hongrie), en 1962 (avec la crise des missiles de Cuba), en 1983 (avec la crise des euromissiles, avec l’alerte du 26 septembre 1983)… La crise actuelle nous place à nouveau devant cette échéance.

Des armes impuissantes contre terroristes et dictateurs

Elles n’ont pas dissuadé Vladimir Poutine d’entrer en guerre, elles lui donnent au contraire ce sentiment d’invincibilité, et même d’impunité, qui l’amène à bafouer le droit international et à agresser sans vergogne un pays, l’Ukraine, dont la Russie avait pourtant garanti les frontières en échange de son renoncement à conserver les armes nucléaires héritées de l’Union soviétique (Mémorandum de Budapest). Avec ses missiles hypersoniques, Poutine pense surclasser toutes les autres puissances nucléaires et pouvoir échapper à leurs éventuelles représailles. Non seulement il ne se laisse pas intimider par les armes nucléaires de l’Otan (ou de la France), mais il n’hésite pas à agiter lui-même la menace nucléaire contre ceux qui seraient tentés de « se…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre