La Haine

Jeudi 16 Mars, 15h30, Elisabeth Borne s’adresse à l’Assemblée nationale : par respect pour la démocratie et crainte que la réforme des retraites ne soit rejetée, son gouvernement l’impose par 49.3. Malgré les millions de personnes dans la rue et une situation de minorité évidente, le message du gouvernement est clair : nous vous gouvernerons malgré vous.

Dans cette troisième intervention depuis le début du mouvement, d’anciens participants du MILI et leurs amis reviennent sur cette semaine écoulée et sur les nouvelles pratiques qui sont apparues dans les artères de nombreuses villes de France. Des mannequins de hauts fonctionnaires sont jetés au bucher (et François Bayrou de s’en indigner), des manifestations sauvages se répandent dans les centre-villes, les ordures des parisiens révèlent leur taux d’inflammabilité, et de nouveaux rendez-vous nocturnes rassemblent des milliers de personne à proximité des lieux de pouvoir. Alors que les forces de police assument pleinement leur travail répressif en démultipliant ses violences, ses humiliations et son arbitraire, elles expriment aussi par là une grande fébrilité. Ce texte essaie de synthétiser où nous en sommes en ce début d’une semaine décisive : fin (définitive et ostentatoire) de la démocratie, renouveau de l’antimacronisme, retour du chaos – mais aussi de proposer de nouvelles formes, et un nouvel agenda.

CORTÈGE DE TÊTE

Mardi 7 mars, Paris. Pour la première fois depuis le début du mouvement, la police, qui tentait de disloquer le cortège de tête de la manifestation syndicale, est repoussée. Avant d’arriver place d’Italie, toutes les banques, assurances, agences immobilières de l’avenue des Gobelins sont méthodiquement éclatées. Ce n’est pas une poignée de perturbateurs qui s’adonne à son passe-temps favori, mais tout un cortège qui change brutalement de ton. Sur la place, une dernière charge de CRS se prend une claque derrière la tête, la mairie d’arrondissement est brièvement attaquée – comme un avant-goût de ce qui viendra plus tard – une camionnette de la CGT crie « nique la police », puis remballe. Une forme, le Cortège de Tête, avait-elle repris vie ce jour-là ?

Les manifestations suivantes montreront que non. 

En vérité ce qui commençait à prendre vie c’était plus que ça. Plus qu’une pratique. C’était un affect. c’était une volonté. Qui allait devenir éclatante après le 49.3.

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Auteur: dev