La jeunesse oubliée veut encore rêver et contester

Corinne Morel Darleux est conseillère régionale en Auvergne — Rhône-Alpes et a publié Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce (Libertalia).


Corinne Morel Darleux.


Ne pas laisser la jeunesse s’étioler… Je suis, comme beaucoup, particulièrement inquiète du sort des jeunes dans cette période de pandémie, de couvre-feu imposé, mais aussi d’incertitudes sur l’avenir de nos écosystèmes et d’imaginaires futuristes, hélas toujours gonflés à la testostérone, nourris de drones, d’écrans et de technologie.

Des étudiants de la Cité internationale isolés de leurs familles, de leurs amis, dans un pays qui ne leur est pas familier et qui se retrouvent à l’aide alimentaire après avoir perdu leur petit boulot. Des adolescents, qui ont eu dix-huit ans cette année et n’ont pas pu fêter ce rituel d’entrée dans l’âge adulte. De jeunes travailleur-ses qui débarquent sur le marché de l’emploi au moment où les plans de licenciement se multiplient comme jamais. Des gamins enfermés dans leur chambre, qui ne voient plus leurs amis, leurs professeurs, leur famille qu’à travers un écran. Des enfants, désignés comme des bombes à retardement, porteurs potentiels d’un virus invisible qui peut tuer leurs aînés. Des lycéens ciblés, matraqués et réprimés quand ils osent manifester. Des jeunes qui ne savent plus de quoi demain sera fait, qui pour certains décrochent à la fac et, parfois, basculent dans la dépression et les troubles mentaux. Toute une génération privée d’exutoire et de divertissement. Sans cinéma, sans boite de nuit, sans bars ni soirées. Juste des attestations et un couvre-feu pour contraindre et discipliner. Le tout, dans une ambiance de fin du monde permanente, avec trente-et-une nouvelles espèces éteintes à l’état sauvage, un nouveau record de température pour l’année 2020 et un gouvernement qui s’en fout. Cette jeunesse, sur qui on fait souvent reposer un renouveau indéfini…

Auteur: Corinne Morel Darleux Reporterre
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